Chapitre 5 :

Jeunesse d ‘aujourd’hui

Pendant une conversation avec une maman de 37 ans dans son salon, son fils de 17 ans passa devant elle pour sortir, sans lui dire aucun mot. Impatiente, elle lui demanda : « Où vas-tu ? ». Le garçon ne répondit pas à la question de la femme lui disant abruptement : « Tu ne m’a jamais compris » et il s’en alla.

La dame m’a dit tristement : « Je n’ai que 37 ans. Je ne suis pas encore trop vieille. Il me réplique toujours de la même façon quand je désire savoir ce qu’il fait. Vraiment, je ne comprends pas ce qu’il veut ».

Conflit entre adultes et jeunes

Certains parents et enseignants ne voient chez les jeunes que consommation, égoïsme, perte de foi, manque de moralité. Ou ils se plaignent de la jeunesse dévoyée menant une vie sans idéal, irresponsable, irréfléchie, exubérante, insoumise et arrogante, en méprisant les traditions de leurs prédécesseurs. Chaque fois qu’ils ouvrent la bouche, certains adultes ont la manie de comparer « la jeunesse d’autrefois » avec « la jeunesse d’aujourd’hui », en racontant les exploits de leur passé « impeccable ». Comment peut-on éviter un conflit permanent entre les adultes et les jeunes ? Adultes et jeunes disent souvent qu’ils ne se comprennent pas les uns les autres.

En analysant un peu plus profondément cette observation subjective de la part de certains adultes, nous remarquons qu’ils ont la tendance à simplifier le problème. Attribuer à toute la jeunesse une mentalité rebelle serait peu juste et sans fondement logique. En revanche, dire que la jeunesse d’aujourd’hui possède un idéal élevé en étant assoiffé de rechercher une vie honnête, responsable, altruiste.., cela choque des victimes ou des témoins de la dégradation de quelques jeunes. Les États-Unis, le Japon, la France... et plusieurs autres pays sont reconnus comme très avancés dans les domaines techniques et économiques. Cependant les acteurs principaux qui ont transformé l’image de leur pays occupe un pourcentage très minime par rapport à la population. De même, il suffit d’un petit groupe de gens pour pouvoir perturber ou bouleverser tout un quartier ou toute une ville.

Comportements étranges des jeunes : caractéristique annonciatrice de la postmodernité.

D’un certain point de vue, les comportements étranges, les propos agressifs de ces jeunes sont un signe des temps, un appel pressant aux responsables pour chercher une solution pour une adaptation adéquate à l’époque actuelle. Les théories explicatives sur les rites d’apprentissage et sur le vécu des adolescents insistent toutes sur les rites de passage d’une époque de la vie à une autre ou selon le langage de Raymond Boudon « une caractéristique récente , annonciatrice de la postmodernité »[1]. Dans aucune sphère culturelle cela se passe facilement mais au Vietnam, outre ces rites, il y a le poids des traditions et des difficultés d’adaptation au social. Occupés du matin au soir, certains parents ne se soucient nullement de ce que deviennent leurs enfants, les laissant grandir comme ils veulent et comme ils peuvent. La mère rentre tard dans la soirée tandis que le père, par préoccupation de ramasser de l’argent au maximum, est en déplacement continuel, ne revient à la maison qu’après quelques jours d’absence. La maison demeure loin d’être un foyer chaleureux mais ressemble à un hôtel ni plus ni moins. Alors un jour, apprenant que leurs enfants dépendent de l’héroïne par exemple, ils en sont bouleversés et rejettent toute la responsabilité sur ceux-ci. Le conflit entre les parents et les enfants, entre les moins jeunes et les jeunes règne en permanence dans certaines familles et sociétés. Au fond, qui est coupable et où situer les responsabilités ?

Il semble que les jeunes ne peuvent pas vivre sans amis et qu’avec eux ils vivent réellement et sincèrement : s’entraident, servent sans compter, aident leurs camarades en difficulté et parfois volent l’argent des parents pour les dépanner. Et ils jugent que c’est normal et raisonnable de le faire. Certains ont pu occuper une place élevée dans la société grâce à des amis, mais il n’y a pas mal de jeunes devenant dépendants de la drogue, voleurs,... à cause des amis. Les mauvaises habitudes se contractent rapidement et facilement

De même, est-il nécessaire de signaler que le milieu social de l’ancien temps dans les villages et même dans les villes ne ressemble pas à celui d’aujourd’hui ? Autrefois, l’enfant vivait dans une ambiance familiale fermée, sous la surveillance et les soins attentifs des parents. De plus, comme les gens du nord du Vietnam le racontent, ils ne savent que faire avec l’argent gagné sinon le dépenser pour boire et manger !

En effet, la jeunesse vietnamienne d’aujourd’hui ne ressemble pas à celle de leurs prédécesseurs des années 70 et plus, d’abord à cause de l’agitation sociale et ensuite à cause de la transformation accélérée de la technique. Mais la différence principale pourrait être l’expérience de la vie, leurs concepts et leurs comportements par rapport à la vie. Plusieurs générations ont dû subir une vie très dure pendant le temps de la guerre. Mais la lutte pour survivre offre aussi son côté positif, les aide à devenir des hommes de caractère et à atteindre une maturité précoce. En entrant tôt dans la vie, les différentes responsabilités assumées les rendent bien expérimentées avant l’âge. Malgré tout, eux, les gens du nord comme ceux du sud-vietnam, ont au moins un idéal à poursuivre pour lutter et pour vivre. On insiste souvent sur les dégâts psychologiques provoqués par les années, caractère formateur d’identités solides.   

Défis du temps actuel

La jeune génération d’aujourd’hui ne connaît pas la guerre, ni les pertes et les fléaux causés par la guerre, mais elle a d’autres difficultés et des problèmes qui lui sont propres. Par exemple, elle est victime d’une époque transitoire et tâtonne dans l’obscurité pour chercher une orientation dans la vie ; des bonnes traditions de l’ancien temps semblent bouleversées ; des nouvelles valeurs n’ont pas encore imprégné leur esprit qui est pleinement habité par les soucis, les aspirations, le conflit entre les nouvelles et anciennes traditions et aussi par le laisser-aller, à la dérive.

Aujourd’hui, à cause du changement rapide de la vie sociale, des mentalités, du concept de l’éducation accompagnant les commodités de la vie, des multiples variétés du loisir, les jeunes surmontent difficilement la séduction offerte par la globalisation, affrontant ainsi les nouveaux défis de la modernisation technologique, informatique et économique, de la pluralité de la culture mondiale. Ainsi chez les jeunes, existent deux mouvements qui semblent contradictoires : mouvement d’investissement dans les études et celui de la consommation. Les jeunes d’aujourd’hui cherchent avec empressement à s’insérer dans le cercle du marché de l’économie parce qu’ils prennent conscience que les connaissances et la matière grise sont le tremplin pour trouver une place élevée dans la société.   Des centres de langues dont le frais de scolarité dépasse  les possibilités des familles de condition de vie moyenne sont pourtant abondés de stagiaires. De même, les élèves du secondaire s’intègrent aussi dans ce mouvement d’accumuler des connaissances en suivant des cours officiels et particuliers du matin jusqu’à 21 heures. Ils ne trouvent aucun moment libre pour se reposer ou pour assimiler ce qu’ils ont étudié à l‘école. Certains parents, après l’heure de travail profitent d’un moment libre pour suivre des cours de langues ou pour finir leurs études universitaires sacrifiant ainsi des moments de loisir nécessaire auprès de leurs enfnats. Par contre, à côté de ces jeunes cherchant à se cultiver, il y a pourtant un grand nombre d’autres entrainés par le mouvement de la consommation. Le développement rapide de l’urbanisation, la technique moderne mise à jour continuellement, l’accès facile à la civilisation avancée des pays étrangers soit par Internet soit par d’autres moyens de communication, tout cela crée chez un grand nombre de jeunes d’aujourd’hui une soif, un souci, un très grand désir de se cultiver, une aspiration de s’élever dans la vie mais aussi, de montrer qu’on est à la mode et pas arriéré. C’est là encore un autre défi pour les jeunes.

« Renouveau » essentiel

Depuis le « renouveau » de 1986, vinrent ensuite la levée de l’embargo américain en 1994 et l’entrée dans l’Association de l’Asie (ASEAN). Les investisseurs étrangers, « dragons » asiatiques en tête, se sont rués à l’assaut du Vietnam où tout est à reconstruire. Le système se desserre timidement et lentement. Mais Ho Chi Minh-ville a bien saisi l’occasion de réinventer. L’ancien Saigon et son vaste quartier chinois de Cholon en demeure la locomotive : « un taux d’expansion de 14,5% en 1994 au lieu de 8,5% à 8,8% de moyenne nationale » (Le Monde 21 janvier 1994). Certes, on imagine l’horizon de gratte-ciel qu’offre et offrira le centre de cette métropole. Aujourd’hui, Saigon sourit de toutes ses dents. Sa vitalité et son génial esprit débrouillard ont englouti tout le Vietnam. Saigon pourrait bien devenir Hong-Kong : elle en possède toute la diversité.

On a vu quelques européens se promener dans la rue. Des vietnamiens expatriés commençaient à rejoindre le Vietnam pour visiter leur famille. C’était en 1989 seulement que le premier Frère vietnamien expatrié a revu son pays natal. Quelques panneaux en langue étrangère des différentes compagnies de commerce s’élevaient fièrement devant leur office sur les rues du centre de Saigon. Des panneaux de publicité ont changé à la fois de contenu et des couleurs rouge et jaune habituelles. Des maximes, des paroles de l’Oncle HO telles que «Le fleuve peut être tari, la montagne aplanie, mais les paroles de l’Oncle HO restent inchangées » ou encore « Qui aime la patrie, aime le socialisme » dominaient sur toute la ville. Aujourd’hui, les banderoles de ce genre diminuent quelque peu et sont remplacées par l’avertissement de la contagion de la maladie du siècle (le SIDA) et de la prévention de la dépendance de la drogue, du planning familial. Aussi des panneaux de publicités multicolores envahissent tous les espaces. Des marques renommées présentent leurs produits à l’envie du peuple et par tous les moyens des multimédia séduisent la population. On voit luire un petit rayon d’espoir.

De plus en plus nombreux, les touristes choisissent le Vietnam comme le « rendez-vous du 3e millénium » selon le langage des services d’organisation des tours [2]. La plupart font des observations assez communes : les vietnamiens sont très accueillants, sourire permanent aux lèvres ; une quantité de vélomoteurs inimaginable ; circulation désordonnée ; restaurants surtout auberges populaires partout et toujours abordables ; cafétérias débordantes même pendant les heures de travail ; des gens qui circulent à toute heure et en tous sens sans arrêt…..

Cafétérias, lieu de multiples fonctions

En effet, les cafétérias à Ho Chi Minh-ville sont nombreuses. Ce n’est seulement un lieu de rafraîchissement, mais encore un espace favorable où les amis se divertissent, font des causettes, mais aussi travaillent.  Par exemple, pour répondre à la demande de la société, certaines cafétérias réservent un endroit spécial équipant des ordinateurs avec accès  à Internet pour ceux qui veulent travailler sérieusement. Au lieu de rester dans son bureau, ils apportent leur ordinateur portable à la cafétéria pour continuer son travail, se sentant plus à l’aise et plus efficace que dans son bureau. Mais, pour un grand nombre de gens, comme c’est une habitude familière, avant d’aller à son bureau : le café ; un ami vient nous visiter par exemple : au café ; quinze minutes de détente : au café. Cependant, le temps de café est presque toujours prolongé. C’est aussi un « lieu de travail, de négociation », de « signature » des contrats des commerçants. On rigole souvent en disant : « ce n’est pas dans les bureaux qu’on signe les papiers, mais dans un festin ». Ce qui frappe le plus les yeux des étrangers, c’est que les clients de ces cafétérias restent encore très jeunes, à l’âge de travail, et qu’ils ne se rendent pas compte du temps précieux perdu en passant des heures et des heures pour des divertissements sans aucun profit. Les touristes ne comprennent qu’en partie les raisons pour lesquelles les vietnamiens perdent beaucoup de temps dans les cafétérias.

À côté des auberges populaires poussent de plus en plus des cafétérias de luxe, des restaurants, des salles de « karaoké » avec une décoration attrayante accompagnée de lumières qui clignotent à la tombée de la nuit. Devant ceux-là, stationnent des vélomoteurs japonais de luxe qui coûtent jusqu’à 7000 USD. Les jeunes garçons et filles qui les fréquentent, s’habillent bien à la mode, se montrant très experts et expérimentés de ce style de vie.

Parmi ces points de rendez-vous ouverts 24/24 heures, se camouflent leurs propriétaires qui ne voient pas plus loin que de ramasser de l’argent en dépit de la transgression de la loi, de la malhonnêteté, en poussant des jeunes vers une vie immorale, une décadence de leur avenir, vers la mort. On ne se refuse aucune initiative pour séduire ces jeunes qui s’avancent dans ce chemin risqué. L’article « une nuit troublée au restaurant Song Ngoc»[3] en est un exemple vivant (photo, p. 231).

Vers 4 heures du matin du 9 mars 2005, les forces armées de la police pénale 113 en coordonnant la police du quartier 15 de l’arrondissement de Binh Thanh, Ho Chi Minh-ville, ont mis en exécution le contrôle administratif du restaurant karaoké Song Ngoc, situé au No 161, quartier 15 de l’arrondissement de Binh Thanh, Ho Chi Minh-ville. Dans 15 salles de karaoké à Song Ngoc, la police a arrêté provisoirement 148 sujets, garçons et filles. Ces jeunes s’affublent des vêtements multicolores, très à la mode, cheveux colorés en rouge ou jaune, se rassemblent au restaurant karaoké Song Ngoc, bambochent pendant toute la nuit du 8 mars 2005, fête internationale des femmes, jusqu’à l’arrivée à l’improviste de la police. Après une nuit blanche de débauche, tous semblent épuisés. Plusieurs d’entre eux restent encore à moitié ivres, vacillants à cause de la bière ou des excitants. À l’apparition à l’improviste de la police, des jeunes filles ont suffisamment le temps de saisir un par-dessus pour se couvrir. D’autres vêtement de dessous et préservatifs sont jetés en désordre partout dans les salles. Ces jeunes sont tous amenés à la préfecture de l’arrondissement de Binh Thanh pour tester d’abord le signe de la présence de la drogue. Après un test rapide, la police a révélé qu’elle est présente en 101 cas sur 148 chez ces jeunes gens. Des informations venues de sources différentes montrent que tous les clients de ce restaurant y passent la nuit et après avoir été excité par les liqueurs, la bière, la drogue, la plupart d’entre eux se déshabillent pour danser. En même temps, la police a saisi une cinquantaine de lecteurs de vidéo et une centaine d’ensembles d’amplis et de haut-parleurs très modernes (photo, p. 232).

En effet, le restaurant karaoké Song Ngoc a été contrôlé plusieurs fois dans le passé. Il a été condamné à une amende par des transgressions successives de la loi sur le commerce. Le Comité du peuple de l’arrondissement de Binh Thanh a présenté une pétition aux autorités supérieurs demandant de retirer l‘autorisation commerciale de ce restaurant. Il n’a pas encore reçu la réponse. Nourrissant de noirs desseins, le propriétaire du restaurant Song Ngoc utilise des manœuvres frauduleuses en vue de tromper les autorités compétentes. Au moment où 148 jeunes mènent une vie troublée à l’intérieur du restaurant, des tas de matériaux de construction occupent toute la cour à l’entrée avec une pancarte indiquant : « Travaux - arrêt de toutes activités ».

Le mini-restaurant karaoké Song Ngoc est une maison de trois étages dont la capacité dépasse une centaine de clients. Grâce à cette manière de tricher dans le commerce, Song Ngoc perçoit un revenu de 100 USD / nuit/ chambre, soit 1 500 USD / nuit. En plus, Song Ngoc a construit deux autres chambres « VIP » beaucoup plus grandes, réservées aux grands personnages, et qui servent pour les spectacles de nudités. Les clients qui font la réservation de ces salles sont des enfants de riches, ne se servant que des moyens de circulation du dernier cri, accompagnant des filles très jeunes, très à la mode, se faisant tatouer toutes sortes d’animaux sur le corps. Le prix le plus bas de ces salles est égal à 18 USD par heure.

1- Une épidémie d’ecstasy parmi les jeunes

Dans le projet de s’intégrer parmi les jeunes de la « haute société » à Ho Chi Minh-ville, les éclaireurs du Bureau de prévention des crimes causés par la drogue, sont témoins de spectacles troubles qu’ils n’avaient jamais imaginés. L’ecstasy est en train d’aliéner une partie de la jeunesse vietnamienne jusqu’au néant jour après jour.

La police de Nghe An (nord-Vietnam) en collaboration avec celle du Laos a arrêté Tran van Hoi, né en 1972 à Hung Xa, Hung Nguyen, chef d’une bande de vente et achat de la drogue entre le Vietnam et le Laos depuis l’an 2001 jusqu’aujourd’hui. Selon les enquêtes de la police, ce réseau a réussi à importer clandestinement de l’héroïne du Laos au Vietnam jusqu’à 18 fois.

Le 30 mars 2005, la police de Hanoi, sous la direction du lieutenant Tran Quang Trong a confisqué 5400 comprimés d’ecstasy d’un réseau de vente et d’achat de Ho Chi Minh-ville – Hanoi où l’utilisation principale est aux restaurants, bars, hôtels, points de karaoké, tel que Song Ngoc cité ci-dessus. Chaque comprimé coûte de 18 USD à 22 USD. Ces prix ne sont abordables que pour des jeunes riches.

Si depuis quelques années auparavant, l’ecstasy s’est vendue au détail et a été utilisée sporadiquement, aujourd’hui la vente a explosé et devient une épidémie répandue dans plusieurs classes sociales : classes élevées et moyennes, étrangers d’origine vietnamienne… y compris des acteurs et actrices, et aussi des élèves…

Les restaurants, pistes de danse, bars sont fermés à partir de minuit selon les lois du commerce vietnamiennes. Mais, par contre, cela devient un marché très avantageux pour les hôtels et les points de karaoké : Song Ngoc, Minh Thy (à Binh Thanh, Ho Chi Minh-ville), Thuy Truc (hôtel du 10e arrondissement à Ho Chi Minh-ville). Tous les jours, après minuit, des bandes de jeunes garçons et filles viennent pour acheter une nuit de loisirs. Presque tous les arrondissements à Ho Chi Minh-ville offrent ces points aux jeunes, répondant à tous leurs besoins : salles de musique et de danse, strip-tease (effeuillage) et…. ecstasy.

« Il y a un festin d’anniversaire, raconte un policier, dans une salle de karaoké. L’ecstasy est mise dans une assiette au milieu de la table pour ceux qui en veulent ! librement ! »[4]

Vers 0 heure 25, lundi le 11 avril 2005, la police de Ho Chi Minh-ville a fait une incursion au No 6, rue Nguyen Trung Truc, 1er arrondissement, Ho Chi Minh-ville. C’est une salle de danse qui attire un grand nombre de jeunes. À l’apparition de la police, les administrateurs diminuent subitement le volume de la musique et augmentent l’éclairage, ce qui coupe net l’enthousiasme des « ecstaseurs ». Ils se montrent mécontents, hurlent et mettent tout le bar en émoi. En même temps, un autre groupe de la police vient contrôler la cafétéria « Sahara Music Cafe » au No 227, rue Pham ngu Lao, 1er arrondissement, Ho Chi Minh-ville. C’est une maison de 4 m de largeur et 20 m de longueur où grouillent 100 « ecstaseurs ». La rafle de cette nuit fut vraiment abondante : 650 jeunes détenus. Ils furent soumis à un test de l’infection du virus HIV+ dont 100 parmi eux étaient infectés.

2- De nouvelles modes

En voyant leurs enfants bien nés, en les nourrissant et les soignant pendant une vingtaine d’années, l’aspiration et la récompense des parents sont de les voir devenir des hommes, d’être utile à la société et d’y trouver une place stable. Pendant toute leur enfance, les personnes de la famille s’intéressent minutieusement à leur santé à la fois intellectuelle et corporelle. Quelle que soit une petite égratignure au visage ou au corps, elles s’en occupent pour ne laisser aucune cicatrice. Cependant, à l’âge d’adolescent ou d’adulte, pour se montrer à la mode, intégrés parfaitement à la vie sociale, ils ont transformé leur beau corps en colorant leurs cheveux en rouge, en vert ou en jaune… ou en se faisant tatouer la poitrine, le dos… (photo, p. 234).


 

Le tatouage actuel comprend plusieurs modèles. Mais celui que les jeunes aiment le plus est le produit des images dites collantes. Il suffit de les coller au corps ou de les décoller à sa guise. Elles sont aussi belles que celles d’un vrai tatouage. Le vrai tatouage se classe aussi en deux catégories : l’une, dite temporaire, s’efface dans un court délai, l’autre dite permanente reste indélébile. La deuxième fait très mal et laisse des cicatrices et pourtant les chefs de gang l’adorent. Dans les reportages sur la sécurité sociale émis sur la télévision, on voit souvent ces images tatouées de tigres, de dragons sur tout le corps des gangsters. La mentalité des vietnamiens n’accepte pas encore cette mode de vie. Ils attribuent cette catégorie à des personnes d’une certaine marginalisation.

Il existe mille et une raisons pour subir un tatouage : blocage dans la vie, affirmation de soi, de sa maturité, déception en amour, parfois à cause des critiques des camarades ou tout simplement par un désir passager d’originalité des adolescents. Certains pensent que le tatouage manifeste quelque chose de très privé à chacun, une personnalité, un style de vie à la mode. En dehors de cela, certains profitent du tatouage pour cacher quelques défauts du corps. Malgré tout, « l’individu stigmatisé se voit en outre conseiller de faire comme s’il appréciait les efforts des normaux pour lui faciliter les choses. Il doit accepter l’aide et la sympathie qu’il n’a pas demandées, même s’il les ressent souvent comme une intruision injustifiée dans son intimité »[5]. Je pars ici de mes observations et non des analyses théoriques produites sur les signes d’inscription des traces corporelles ni sur la littérature des stigmates et des appartenances identitaires des jeunes.

3- Banalisation ou négligence des valeurs humaines

C’est vrai que “l'arbre a ses racines et le fleuve a sa source”, l'homme lui aussi a ses origines et ne peut s'y soustraire comme le préambule de la Convention des Droits de l'Enfant l'a réaffirmé : “Reconnaissant que l'enfant, pour l'épanouissement harmonieuse de sa personnalité, doit grandir dans le milieu familial, dans un climat de bonheur, d'amour et de compréhension”.

Quand on analyse les causes et les responsabilités qui amènent les enfants à la débauche, il est vrai aussi que l’éducation des qualités humaines exige la collaboration de trois facteurs principaux : famille, école et société. Mais, en creusant plus profondément le problème, d'autres opinions sans grand intérêt se font jour.

Certains parents se plaignent de l'inefficacité de l'éducation de l'école : on n'enseigne pas la morale humaniste et on ne protège pas les bonnes mœurs... L'école rejette la faute sur les parents : ce sont eux et non l'école qui doivent assumer la responsabilité de l'éducation de leurs enfants. Entre l'attente des familles et la formation dispensée dans l'école, il existe souvent une distorsion, un malentendu. François Dubet cherche à connaître les aspirations des familles et à comprendre pourquoi l'école ne peut pas répondre d'emblée à toutes ces aspirations. Les familles attendent de l'école qu'elle aille dans le sens de l'individualisme ambiant en garantissant à la fois une formation à l'efficacité et un épanouissement individuel. Derrière “épanouissement”, il faut entendre autonomie, psychologie et morale ; et derrière “efficacité”, intérêt et performance. Mais, constate Dubet, “l'école est chargée de trop d'ambitions pour ne pas décevoir”.

De son côté Philippe Meirieu utilise l'expression “nouveau contrat parents-enseignants” en analysant les causes de non-coopération entre l'école et la famille et propose une vraie rénovation des relations entre école et famille. C'est une sorte de contrat moral, dans lequel les parents auraient le rôle d'interroger, de faire réfléchir l'enfant. Il semblerait désirable que les “espaces de parole” à l'intérieur de la famille soient un complément de la fonction de l'école, un lieu d'enracinement qui ne contredit pas le caractère plus universel de l'école.

Les spécialistes, tel Jean Piaget, s’accordent à dire que la conscience morale, qui s’installe peu ou prou vers 7-8 ans, est le résultat d’un long processus se déroulant dans la petite enfance et dont les parents sont les initiateurs. “Pour se comporter moralement, explique Claude Halmos, psychanalyste, il faut d’abord avoir pu prendre conscience que la valeur, le bien, existe. C’est-à-dire savoir qu’il y a des choses qui valent davantage que le plaisir immédiat, qui valent même que l’on suspende, voire que l’on sacrifie ce plaisir immédiat”. Elle estime que la première leçon de morale que doivent donner des parents à leur enfant passe par ce que Françoise Dolto appelait “l’interdit opposé au plaisir toujours recherché parce qu’autrefois connu”. “Un interdit, poursuit Claude Halmos, qui signifie que le plaisir dans la vie ne doit pas être le seul guide”. On comprend que les parents auront à répéter bien des fois cette leçon inaugurale à leur enfant lorsque, à l’adolescence, ses pulsions se réveilleront, le poussant à nouveau à rechercher le plaisir immédiat.”[6]

En fin de compte, l'observation des jeunes délinquants révèle souvent les problèmes familiaux : faiblesse des parents, égoïsme dans leur affection, divorce... Parmi les enfants qui fréquentent une même école ou vivent dans un même quartier, certains deviennent délinquants à cause de l'irresponsabilité des parents. Lorsque les parents sont peu disponibles pour s'occuper de leurs enfants, l'errance dans la rue devient un indice de la démission de leur responsabilité. C'est dans la famille que se réalise la transmission des valeurs, telles que le respect, le goût du travail, l'amour. C'est elle qui façonne et modèle indirectement le comportement futur de l'enfant. L'enfant doit donc trouver sa place au milieu des siens. Mais important aussi est le mode de transmission. Le slogan de 1968 “Il est interdit d’interdire” aurait-il fait son temps ? En fait, Olivier Galland, sociologue et auteur d’une enquête sur les valeurs des jeunes pense que « les parents n’ont jamais cessé de vouloir transmettre des valeurs morales à leurs enfants, même en 1968. En revanche, dit-il, ce qui a changé, c’est le mode de transmission. Celle-ci se fait désormais sur le mode de la discussion et de l’explication, et non plus sur le mode de l’imposition. Et surtout, dans le respect des étapes du développement de l’enfant désormais bien connu. »[7] . Une spécialiste vietnamienne Phan Mai Huong appartenant à l’Institut de psychologie, a donné un chiffre  qui nous rend soucieux du rôle des parents des enfants « gâtés ». Son enquête sur 104 jeunes dépendant de la drogue, illustre l’importance du rôle des parents: 59,2% des parents n’ont jamais d’entretien intime avec leurs enfants ; 40% ne connaissent pas la situation de leurs études et ce sur quoi ils agissent; 53,1% ne font pas attention à ce qui leur arrive ; 69,4% ne savent pas où ils vont ; 67,3%  ne connaissent jamais ce qu’ils font et ce qu’ils désirent ; et environ 50% ne se soucient pas des amis qu’ils fréquentent[8].

Une mère d’une élève du primaire raconte ce qu’elle a reçu à l’enfance : « Autrefois, mes parents et grands-parents nous enseignaient très minutieusement plusieurs choses concernant la parole, comportements, gestes de politesse… car ils les considéraient comme les fondements de la morale, de la personnalité d’un homme. À cet âge-là, nous ne comprenions pas tout le sens et l’utilité de cette belle personnalité, mais au moins cela nous a aidés à posséder une âme saine. En entendant un mot grossier, nous sentions quelque chose de honteux et gênant . Aujourd’hui, les enfants  vivent une vie aisée et dans une société plus moderne que la nôtre dans l’ancien temps. Cependant ils sont “pauvres” de morale et de savoir-vivre ».

Une autre dame qui vient chaque jour à l’école pour chercher son enfant raconte : « Ma maison est située près d’une école du premier cycle. Pendant les moments libres dans l’après-midi, j’ai l’habitude de porter mon enfant et d’aller vers la direction de l’école en regardant les élèves jouer, bavarder, très innocemment. Cette image restera toujours belle si elle ne mélange pas quelques taches de dialogues qui gâtent ce beau tableau. Un groupe de filles taquine un garçon : “Hello, Tuan noir”. Le garçon réplique : “Noir ? Veux-tu ‘essayer’, viens….” Les filles ne cèdent pas le terrain en hurlant : “Si tu oses… quitter ton pantalon !” Furieux, le garçon sort une rafale de mots grossiers, très mauvais !

Et encore une autre fois. Elle vient chercher son enfant à l’école pareillement. Elle voit une maman qui y vient aussi chercher son enfant. Parce qu’elle attend longtemps sans le voir sortir, elle jette en l’air des gros mots en dépit des autres parents autour d’elle. Son enfant apparaît enfin et tous deux se disputent. L’enfant appelle sa maman “madame” et elle l’injurie “mal élevé”, “voyou”. Tout le monde secoue la tête, bouleversé. »[9]

Dans la famille ou à l’école, on répète souvent : “Tu ne dois pas mentir, voler, frapper l’autre, etc…” En tout cas, que l’enfant accepte les règles de vie morale ou pas, « seule peut varier la hiérarchie de ces valeurs, remarque François Galichet, professeur des université à l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) de Strasbourg, mais jamais leur fondement »[10].

Ce serait risqué de faire pleuvoir des rires et moqueries si je disais le contraire. En réalité, c’est une question très compliquée d’affirmer la responsabilité de qui que ce soit . Pour apprendre aux internes par exemple, la juste utilisation de l’argent et éviter des dépenses inutiles, les Frères de ma communauté font appel aux parents de confier l’argent aux responsables. C’est un point de règle du pensionnat. Cependant, à la demande de leur enfant, certains parents leur glissent toujours une somme d’argent, parfois très élevée, à l’insu des Frères. Quand l’argent s’est envolé, ils accourent vers les responsables pour réclamer la perte !

A la fin du mois d’avril 2007, le nouveau ministre de l’Education Nguyen Thien Nhan a ouvert un forum sur les problèmes de l’éducation et a répondu à quelques questions des délégués concernant ceux qui sont les plus « chauds » : faible qualité de l’éducation, bas salaire des enseignants, politique de bien traiter les  auteurs du manuel scolaire, renouveau des examens... L’éducation complète d’un enfant exige évidemment le consensus de trois principaux environnements éducatifs pour former leur personnalité: famille, école et société. Mais le développement de l’éducation a besoin aussi de la collaboration, de la co-reponsabilité d’autres ministères : politique, économie, finance, société...Par exemple, pour résoudre le problème de « se tromper de classe », de courir les antichambres pour entrer dans une telle école ou, pour avoir une bonne note...la collaboration entre l’école et la famille est nécessaire. Mais pour le problème de salaire, seul le ministère de l’économie pourrait le résoudre.

4- Faits relatés dans quelques journaux et revues pour une seule journée

- Journal « Le Travailleur », mardi 22 mars 2005

1- mobiliser un employé ou chercher à lui nuire : Pendant 18 jours, le Directeur général VO THANH LONG de la Compagnie Vitranschant a promulgué 2 décisions, 3 mandats, une directive à M. Nguyen công Thành et a donné plusieurs opinions demandant aux différents offices de mettre en pratique la décision 373 de la Compagnie sur « la mobilisation et mutation des employés ». C’était insupportable, M. Thành a intenté un procès.

2- En créant la chose faite, la fédération de football a désobéi à l’ordre émanant d’une autorité supérieure.

3- Mettre sous séquestre 72 autocars transportant des voyageurs sans autorisation.

4- Des choses « incompréhensives » survenues à la province de Rach Gia - Kiên Giang (Sud-Vietnam)

5- Une policière vend de l’héroïne.

6- Le train a heurté un homme : Un train de marchandises part de Da Nang a heurté M. Nguyen huu Phuoc en train de traverser la route sans barrière. M. Phuoc est décédé sur place.

7- Chose étrange au 8e arrondissement : Onze ouvriers, sans jamais utiliser le téléphone mobile, ont reçu pourtant la facture à la fin du mois !

8- Deux vols de taxis dans une seule nuit.

9- Mettre à la porte 40 ouvriers qui osent protester contre le désir d’augmenter les heures de travail.

10- Confiscation de plus de 3 000 comprimés synthétiques de drogue.

- Journal « La Police »

11- À Can Tho (Sud-Vietnam) 2/3 parmi 3 000 patients du SIDA sont des hommes.

12- Arrestation de trois femmes qui trompent les filles pour les vendre à l’étranger.

13- La douane de Ho Chi Minh-ville a découvert trois personnes en train de cacher en divers endroits des marchandises de contrebande.

14- La police de l’arrondissement de Binh Thanh, Ho Chi Minh-ville a arrêté un groupe de jeux sur les deux derniers chiffres du gros lot (une autre forme de jouer aux cartes).

15- Détruire totalement une bande de voleurs de chiens à Can Tho (sud-Vietnam).

16- La Convention BERNE a été violé ouvertement : La Compagnie Viet-Tri a découvert des livres imprimés clandestinement en grande quantité. La perfection de ces copies montrent qu’elles ont été réalisées chez des imprimeries de marque.

17- Arrestation d’un magnat d’escroquerie qui a accaparé jusqu’à plus de soixante mille dollars américains.

18- Des trucs diaboliques d’un chef de l’équipe administrative du marché à Hung Yen (Nord-Vietnam).

19- Kidnapper une petite fille pour l’adoption.

20- Production de fausse liqueur : 3 ans de prison.

21- Pick-pocket pour rafraîchir la beauté

22- M. Nguyen Phuoc Toan surnommé Ti Dieu, un criminel dangereux, est arrêté.

23- Anéantir le réseau de consommation de fausses monnaies le plus grand au Sud-Vietnam.

24- Trop d’humiliations dans un projet : concernant de graves erreurs dans le domaine administratif du territoire de Go Vap, Ho Chi Minh-ville en forçant les habitants à vendre leur terre avec un prix très bas (9 USD/m²) en vue de la revendre jusqu’à 430 USD par mètre carré.

25- Les ivrognes perturbent le bureau du comité populaire du quartier Ben Nghe, 1er arrondissement, Ho Chi Minh-ville.

26- Les voleurs n’« empruntent » l’argent que temporairement : Mme N.T.S s’est rendu compte que sa carte de crédit était égarée. Après avoir contacté la banque, une nouvelle lui est annoncé : toute sa fortune de 500 USD s’en est allée. Quelques jours après, quelqu’un a mis discrètement dans sa maison une enveloppe qui contient juste la somme d’argent perdue. Une chose étrange.

27- Se disputer pour un « Chat » amène au meurtre : 8 jeunes gens viennent à un point d’Internet pour un « Chat ». Comme il ne reste plus d’ordinateurs pour tous, ils se disputent et Le Trung Hieu a tué Ly Dai Hien d’un coup de couteau.

28- « Brûler la maison », on voit clairement l’image du président du Comité populaire d’un district : histoire du président d’un district qui a confisqué la terre de 8 paysans sans aucune juste raison. Cette terre est allouée ensuite à des personnes du cadre. Furieux, ces paysans ont intenté un procès.

29- Un paiement d’amende trop inhumaine : L’autocar No 53N-1344 transportant les ouvriers de Ho Chi Minh-ville à Quang Ngai (centre du Vietnam) pour le congé du Têt (nouvel an lunaire) est arrêté à Quang Ngai par la police de circulation. Tout était en règle sans aucune transgression, mais la police a décidé de le détenir pendant un jour et une nuit pour la raison suivante : « avec l’autorisation de circulation de 3 mois, ces voitures n’ont pas le droit de circuler plus de 300 km ! ». 550 USD d’amende plus 45 USD pour le stationnement pendant un jour et une nuit. Bon gré mal gré, le chauffeur a demandé le secours de ses amis à Quang Ngai pour emprunter l’argent car c’était le dernier jour avant le Têt.

30- Au parc Quach Thi Trang devant le marché Ben Thanh, Ho Chi Minh-ville, la police a pris sur le fait des vendeurs de drogue.

31- Un pick-pocket spécialiste est arrêté dans l’autobus

32- Voleurs des bicyclettes : un jeune garçon de 17 ans accompagné de ses deux copains a volé 4 bicyclettes dans une maison à louer. En route pour aller les liquider, ils sont arrêtés par les forces de garde civile du quartier.

33- Mort vraiment insignifiante : M. P.M.D., 27 ans, a emprunté la bicyclette de son frère pour sortir. À cause du refus de celui-ci, il a ingéré de l’insecticide pour se suicider.

34- Un container est troué : Un container de câbles a été ouvert à l’aide d’un chalumeau à acétylène. Une pompe à eau et des câbles sont volés. Le prix des objets volés est estimé à 2 500 USD.

35- Voleur d’un coffre-fort (Phu Nhuan – Ho Chi Minh-ville) : Un voleur s’est introduit dans la maison de Nguyen thi Hien à 3 heures du matin en cassant les vitres de la fenêtre. Il a réussi à trouver la clé de la porte et a fait sortir le coffre-fort. Selon la déclaration de Mme Hien, elle a perdu 50 taels d’or pur, 200 000 000 dongs vietnamiens, 5 000 USD, une montre, un mobile ….

36- Le match n’a pas encore commencé (Tan Binh – Ho Chi Minh-ville) : La police a pris sur le fait deux personnes en train de faire un pari sur le résultat du prochain match de football.

37- Voler des vélomoteurs (12e arrondissement- Ho Chi Minh-ville) : Nguyen Dinh Hiep et ses copains ont volé un vélomoteur au 12e arrondissement. Selon les enquêtes de la police, ceux-ci en ont volé un autre la semaine précédente, sur le pont de Quang Trung, 12e arrondissement.

38- Vol à la tire (3e arrondissement – Ho Chi Minh-ville) : Deux jeunes gens sur un même vélomoteur ont tiré à l’improviste le sac d’une jeune fille en train de conduire un vélo en plein jour au 3e arrondissement. Les passants ont crié « au voleur » et les ont poursuivis. Ils se sont rapidement éclipsés à pied dans une petite ruelle.

39- Conduire le vélomoteur en état d’ivresse (11e arrondissement – Ho Chi Minh-ville) : Ung Tan Thanh en portant son copain Vuong Vinh Cuong a conduit sa moto en état d’ivresse à 2 heures du matin. En étant ivre, roulant pourtant à grande vitesse, il est tombé sur la route et a rendu l’âme.

40- Heurt contre un poteau électrique (Thu Duc- Ho Chi Minh-ville) : Vers 3 heures 10 du matin, le chauffeur du taxi No 52X-9926, né en 1982, dirigeait sa voiture vers la direction de Thu Duc. En dépassant illégalement les autres voitures sans pouvoir maîtriser la vitesse élevée, il a heurté tout seul un poteau électrique, ce qui a complètement écrasé l’avant de la voiture.

41- Sans maîtrise de la vitesse (Thu Duc- Ho Chi Minh-ville) : Pham van Cao, né en 1988, portant son copain Trinh Hoang Giang, dirige sa moto en direction de Thu Duc (Ho Chi Minh-ville) avec une vitesse très élevée. Sans pouvoir maîtriser sa vitesse, il a eu un accident, son ami est mort et lui-même a été gravement blessé.

42- Conducteur irresponsable (Ho Chi Minh-ville) : M. Tri van C., portant son ami, conduit sa moto de Ho Chi Minh-ville vers la direction de Cuchi. Il a heurté une remorque stationnant au bord de la rue et a été gravement blessé. 

43- Autocar renversé (Binh Dinh-Centre du Vietnam) : Il pleut. Inconscient du danger de la rue glissante, un autocar se renverse : 2 morts, 3 blessés graves.

44- Collision de deux voitures (Hanam-Nord du Vietnam) : Deux voitures en sens inverse entrent en collision. L’avant des deux voitures est complètement déformé. Heureusement, il n’y a aucune personne blessée.

45- Le chauffeur s’enfuit après l’accident (Dong Nai-sud-Vietnam) : L’autocar No 16H-5760 a écrasé le vélomoteur conduit par M. Phan van Giau portant Mme Vu thi My. Tous deux sont morts sur place et le chauffeur de l’autocar s’est enfui.

46- L’autocar heurte un vélomoteur (Binh Thuan – sud-Vietnam) : Dans cette collision ; le conducteur de la voiture est gravement blessé.

47- Sans maîtriser la vitesse (Lai Chau – nord-Vietnam) : Mme Tran thi Thuy conduit sa moto portant 3 personnes. Sans maîtriser la vitesse, elle est décédée en s’élançant directement sur le talus et les trois autres ont été gravement blessées.

48- Sans maîtriser la vitesse (Yen Bai – nord-Vietnam) : Le conducteur d’une moto a heurté un piéton, mort pendant son transport à l’hôpital.

- Journal Saigon libératrice, mardi 22 mars 2005

49- Building avachi à Hanoi, S.O.S. : La maison collective de plusieurs étages à Hanoi est gravement déclassée : les portes ne se ferment plus parce que les charnières sont déformées, murs inclinés comme… la tour de Pise en Italie. La maison de 5 étages ressemble à une de 4 étages, parce le rez-de-chaussée s’est presque enfoncé complètement. C’est le cas de la maison collective C1, arrondissement de Ba Dinh, Hanoi.

50- Arrêt d’une criminelle de la drogue (Bac Giang-nord Vietnam) : Mme Nguyen thi Nga joue un rôle important dans le réseau d’achat et de vente de la drogue importée du Laos. Au début de l’an 2004, la police a découvert ce réseau et elle s’est réfugiée à l’étranger. Cette fois, à la frontière du Vietnam-Cambogienne, elle est arrêtée.

51- Envahissement des trottoirs (1er arrondissement de Ho Chi Minh-ville) : À la rue Vo thi Sau, 1er arr, Ho Chi Minh-ville, les vélomoteurs ont l’habitude de grimper sur les trottoirs le long du parc Le Van Tam. Ce qui est curieux, c’est qu’il existe toujours « les forces des jeunes volontaires » présents aux feux rouges pour maintenir la discipline.

52- Accident mortel, 2e arrondissement, Ho Chi Minh-ville: Sur l’autoroute qui traverse le 2e arrondissement, un conducteur de vélomoteur a heurté une voiture roulant dans le même sens. Mort sur place.

53- Des sans-gêne, arrondissement de Binh Thanh, Ho Chi Minh-ville : Au carrefour de Nguyen van Dau-Le quang Dinh, des hommes inconscients jettent des ordures tous les matins au milieu de la rue.

- Jounal La Jeunesse, mardi 22 mars 2005

54- Planification…innocente (Go Cong – Sud-Vietnam) : “Innocent” veut dire ici : on fait ce qu’on veut. Réparer si ce qu’on fait ne réussit pas, sans une supervision générale, stratégique, à long terme.

55- Une année d’existence, 6e arrondissement, Ho Chi Minh-ville : La rive du canal Lo Gom cimentée depuis un an est gravement déclassée. Certains endroits sont endommagés.

56- Le poids lourd heurte un pont, 12e arrondissement, Ho Chi Minh-ville : Un poids lourd No 66S-2176 transportant du riz a heurté un pont au 12e arrondissement : avant complètement abîmé, garde-fou du pont arraché, aide chauffeur gravement blessé.

57- Accident sur l’autoroute, 2e arrondissement, Ho Chi Minh-ville: Un conducteur de vélomoteur, en envahissant la piste des voitures sur l’autoroute, a été rejeté sous un container qui l’a écrasé.

58- Route large, ponts étroits (An Giang, sud-Vietnam) : Une route de 4 km 17 a été goudronnée avec un crédit budgétaire de 90 000 USD, contribution du peuple. Des accidents sont survenus fréquemment parce que les ponts sont trop petits par rapport à la route.

- Journal « La Jeunesse »

59- Commerce de contrebande, Binh Phuoc – Sud-Vietnam : Le Fleuve Tong-le-Cham reliant le Vietnam et le Cambodge est une région d’échange très connue des commerçants de contrebande. Les marchandises habituelles sont du tabac, des rafraîchissements. À chaque tour, un contrebandier peut gagner 4 dollars américains et il est possible de faire 10 tours par jour.

60- Marchandises ambulantes, menace de maladie, Ho Chi Minh-ville : L’opinion du peuple a protesté depuis très longtemps contre ces marchandises ambulantes vendues aux élèves devant le portail des écoles parce qu’elles manquent d’hygiène. Cependant, ce son de cloche n’a aucun écho.

61- Mille manières d’occupations pour le commerce, Ho Chi Minh-ville : Trottoirs, chaussées sont occupés en plusieurs endroits de la ville, ce qui gêne les piétons et la circulation.

62- Bruits qui influent sur la vie des citoyens, Go vap, Ho Chi Minh-ville : En étant au milieu du quartier des habitants, des bruits produits par des grandes machines d’une entreprise de couture de cuir influent beaucoup sur la vie des voisins. Les murs sont fissurés à cause de cette vibration. Les victimes ont dénoncé cette grave nuisance aux autorités locales, sans aucune réaction de leur part.

63- Petits commerçants au marché Vinh Loc criant au secours, Ho Chi Minh-ville : Les commerçants ont signé un contrat d’achat à long terme au marché de Vinh Loc avec le comité du peuple de ce quartier. Ils ne comprennent pas pourquoi les autorités locales les obligent à se transférer, sans aucun dédommagement, au nouveau marché construit par un privé. Par contre, ils devront payer une somme très élevée pour la nouvelle place.

64- Pollution de l’air, Danang-centre du Vietnam : Sans dispositif de sécurité, l’usine de production de sculpture sur pierre laisse la poussière polluer le quartier au préjudice de la santé des habitants.

65- Accident de voiture par négligence, Ho Chi Minh-ville : Un poids lourd No 54T-1306, en train de rouler sur la rue Ly Thuong Kiet, Tan Binh, Ho Chi Minh-ville, s’est renversé tout seul en grimpant sur la limite de séparation de deux voies.

66- Un rare incendie, Ho Chi Minh-ville : Le feu a consumé une maison entière à Binh Tan, Ho Chi Minh-ville. Selon la propriétaire, pendant qu’elle faisait la cuisine à l’étage, une ampoule s’est détachée et est tombée juste sur la cuisinière à gaz et la maison s’est enflammée. Heureusement, tout le monde a pu s’échapper.

67- Déchets hospitaliers nocifs, Ho Chi Minh-ville : Plus de 60 tonnes de déchets nocifs de médecine dans une seule journée, c’est un chiffre nouveau déclaré par l’office de statistique de l’environnement. Des maladies dangereuses causées telles que hépatite virale B, Sida…. prennent leurs sources dans ces déchets. Mais la plupart des hôpitaux ne les traitent pas encore sérieusement, ce qui menace gravement la santé des habitants.

68- Ecstasy : paradoxe douloureux (Hanoi): L’ecstasy, dans certains restaurants de karaoké, se vend ouvertement. Des gens passent de 2 à 3 jours consécutifs dans un restaurant en utilisant l’ecstasy. Un utilisateur spécialisé avoue : Après trois jours dans un restaurant près du lac Ba Mau, il a dépensé 3 000 dollars américains pour le loyer d’un chambre et 8 000 USD pour l’ecstasy.

69- Actes de deux brigands mal élevés, Ho Chi Minh-ville : L’autocar No 53N-2685 a quitté la station de voitures à Ho Chi Minh-ville vers 6 heures du matin en direction de Da Nang (centre du Vietnam). À l’heure du départ, il y a 15 voyageurs dans la voiture. Parmi lesquels sont présents M. Tran Trung Phuong et M. Nguyen van Dao. Parce que M. Phuong emporte avec lui des objets encombrants, Mme Pham Thi Be exige que M. Phuong paye 5 dollars comme frais de bagages. M. Dao proteste et demande au chauffeur de descendre et de lui rembourser le billet. Après une brève négociation, ils s’entendent à 4 dollars, mais M. Phuong ne les paie pas immédiatement. Vers 23 h 50, Ces deux messieurs demandent de stopper la voiture. Cependant, le chauffeur continue toujours à rouler et n’arrête la voiture qu’un kilomètre plus loin par rapport à l’endroit demandé. M. Phuong descend une partie de ses bagages et remonte dans la voiture pour prendre le reste. À ce moment, le propriétaire commande le chauffeur de mettre la voiture en route. M. Phuong crie au secours en cherchant à redescendre, mais Mme BE donne l’ordre à un aide chauffeur de ligoter M. Phuong. À l’entrée de la province de Quang Nam (centre du Vietnam), la police de la circulation arrête l’autocar pour un contrôle et découvre cet homme illégalement retenu, et les coupables furent poursuivis en justice.

70- Élimination de deux nids de brigands, Thai Binh – nord-Vietnam : En observant pendant plusieurs jours les occupations de personnes apparemment au chômage, la police découvre qu’elles dépensent facilement l’argent pour des festins consécutifs, et même pour l’usage de drogue. M. Tran van Duong est arrêté le premier et à partir de ce qu’il avoue la police coffre ensuite ses 3 complices qui sont de vrais voleurs, pickpockets à la tire.

71- Découverte de la vraie image d’un escroc, Ho Chi Minh-ville : Phan thanh Tong se fait noble, toujours en grande tenue, plein de dollars dans la poche en vue de tromper des gens. Il est arrêté enfin et la police découvre de plus qu’il a posté sur Internet des images sexuelles de lui-même avec des actrices.

72- Des entraves autour de l’enregistrement au livret de famille à Hanoi : Depuis 1997, les critères pour l’enregistrement au livret de famille sont appliqués selon l’arrêté 51 du gouvernement et selon l’instruction ministérielle 06. Cependant l’enregistrement a fait surgi quelques problèmes centrés sur une condition « maison légale et métier stable » qui sème un vrai embarras chez les demandeurs. Quelle maison serait considérée comme légale ? Et un métier stable ? et cette condition s’applique à quelle catégorie ? Il n’y a qu’un seul critère et la police doit résoudre des cas vraiment complexes. Il existe trop de lacunes entre le texte et l’application, ce qui fatigue le peuple.

73- L’endroit où l’on déclare la mort des petites âmes, Hanoi : des hôpitaux publiques et privés, abusant de l’autorisation des autorités, ont fait des curetages de l’utérus pour enlever le fœtus sans aucun contrôle des autorités compétentes. On n’obtient pas encore les statistiques de ces cas, mais selon le docteur Nguyen van Hai, vice-président du centre médical de Thanh Tri (nord-Vietnam), le centre doit résoudre au moins 10 cas d’enlèvement et de provocation d’avortement. Et ce sont des « petites mamans ».

74- Fuite du péage, Hanoi : une centaine de voitures font un détour pour éviter un péage en passant à travers un hameau par une route en terre battue. Ainsi fait, on peut économiser de 1 à 2 dollars. Des poids lourds prennent aussi cette direction bien que ce soit défendu pour la circulation des voitures pesant plus de 10 tonnes.

75- Découverte d’un réseau d’achat et de vente de l’ecstasy : La police de Hanoi a pris 2 750 comprimés d’ecstasy chez Mme Vu Thi Le Quyen. La bande de Mme Le se compose de 5 personnes dont le leader est Mme Le. Ils communiquent toujours entre eux à l’aide d’un téléphone mobile et changent souvent de numéro. Ils ont réussi à répartir plusieurs fois des milliers d’ecstasy dans les provinces.

76- Arrêt en hâte d’un voleur féroce, Ho Chi Minh-ville : Aux environs du marché de Tan Binh, Ho Chi Minh-ville, un jeune homme se dirige vers un vélomoteur No 51 S6-4211, stationnant sur le trottoir, et s’apprête à s’enfuir avec. Se tenant au côté opposé, un soldat envoyé en reconnaissance va directement vers le voleur. Se voyant découvert, celui-ci tire un couteau et poignarde le soldat mais celui-ci réussit à le maîtriser. Ce voleur a déjà été 3 fois incarcéré pour les mêmes fautes. Mais il ne s’est pas repenti.

77- Un chauffeur de taxi a pu maîtriser deux voleurs, Ba Dinh, nord-Vietnam : Deux jeunes hommes né en 1988 appellent un taxi pour aller au carrefour de l’hôtel Thang Loi, puis au carrefour Quang An. Ils demandent au chauffeur de changer de direction vers Dong Ngac. Incrédule, le chauffeur conduit directement le taxi vers la préfecture.

78- Voleur au pied du col Lung Lo, Yen Bai, nord-Vietnam : M. Vu Van Thuan travaille dans un abattoir. Passionné de jeux de cartes, il a demandé à son patron de lui avancer 5 mois de salaire et il a tout perdu. Un jour du mois de février, il a rencontré M. Nguyen van Dan, son compatriote, venu au marché pour vendre des porcs. Il demande à Dan de le conduire à leur village. Il tire son couteau et le pointe sur lui en demandant l’argent et le vélomoteur. Dan a résisté courageusement et le voleur s’est enfui. Il a été arrêté plus tard à Phu Yen, centre-Vietnam.

79- Voleurs de taxi, Ho Chi Minh-ville : Vers 2 heures du matin, à l’appel d’un jeune couple, le chauffeur du taxi No BKS  29N - 5060 s’arrête et se dirige ensuite vers Cau Niem et tourne enfin à la rue de Vu Chi Thang où ces deux jeunes maîtrisent le chauffeur à l’aide d’un couteau et s’emparent d’une montre, d’un portefeuille, de tous les papiers et de 16 dollars, puis ils s’éclipsent dans l’obscurité.

80- Recherche du coupable qui a fait couler le bateau Nam Bac 36, Hanoi : En se dirigeant de Cam Pha à Mong Cai, portant 610 tonnes de charbons, le bateau Nam Bac No 36 a été heurté à bâbord, ce qui l’a fait couler rapidement. Heureusement, les 8 personnes de l’équipage sont saines et sauves. Cependant, profitant de la nuit noire, le bateau coupable a pris la fuite.

 

On voit ainsi à travers ces 80 faits délictueux présentés dans 4 journaux quotidiens :  Le journal du travailleur, La police et Saigon libératrice et La Jeunesse l’émergence d’une banalisation de nombreuses formes de déviances sociales qui donnent aux lecteurs le sentiment d’un laisse-aller généralisé. Il est alors difficile de se faire l’apologue de la transmission des valeurs dans un tel système et un tel moment historique…

 

[1] Raymond BOUDON, Déclin de la morale ?, Presses universitaires de France, 2e édition, février 2003, p. 11.

[2] Pourtant, un  journaliste a écrit un article intitulé “on voit peu de touristes qui reviennent au Vietnam pour la deuxième fois”!

[3] HOANG NGUYEN, Une nuit troublée au restaurant SONG NGOC, Journal LA POLICE, jeudi 10 mars 2005.

[4] Voir aussi : HUU PHU, Journal La Jeunesse, Saigon, 11 avril 2005.

[5] Erving GOFFMAN, Stigmate, LES EDITIONS DE MINUIT, France, novembre 2005, p. 141.

[6] Agnès AUSCHITZKA, Education morale: la famille d’abord, Paris, La Croix, 25 mai 2004.

[7] Agnès AUSCHITZKA, Éducation morale: la famille d’abord, La Croix, Paris, 25.05.2004.

[8] NGUYEN Thai Hop, O.P. Jeunesse vietnamienne d’aujourd’hui, Revue CHIA SE (le Partage), juin 2005, p.19.

[9] Idem.

[10] B. Lan, Une belle bouche ne dit que des bonnes paroles, Vietnam, Hebdomadaire La Femme, 2-1-2005, p. 12.