Chapitre 2 :

Image d’un Frère lasallien

1- L’image d’un Frère à travers les documents de l’Institut

Nécessité de cet Institut

« L’Institut des Frères des Ecoles chrétiennes est une Société dans laquelle on fait profession de tenir les écoles gratuitement. Ceux de cet Institut se nommeront du nom de Frère et ils ne permettront qu’on les nomme autrement, et lorsqu’ils nommeront quelqu’un de leurs Frères ils diront toujours Notre Cher Frère N. »[1].

« La fin de cet Institut est de donner une éducation chrétienne aux enfants, et c’est pour ce sujet qu’on y tient les écoles afin que les enfants y étant sous la conduite des maîtres depuis le matin jusqu’au soir, ces maîtres leur puissent apprendre à bien vivre en les instruisant des mystères de notre sainte religion en leur inspirant les maximes chrétiennes et ainsi leur donner l’éducation qui leur convient » (11, 03)[2].

« Cet Institut est d’une très grande nécessité parce que les artisans et les pauvres étant ordinairement peu instruits et occupés pendant tout le jour pour gagner la vie à eux et à leurs enfants ne peuvent pas leur donner eux-mêmes les instructions qui leur sont nécessaires et une éducation honnête et chrétienne » (01, 04)[3].

« Tous les désordres surtout des artisans et des pauvres viennent ordinairement de ce qu’ils ont été abandonnés à leur propre conduite et très mal élevés dans leur bas âge, ce qu’il est presque impossible de réparer dans un âge plus avancé à cause que les mauvaises habitudes qu’ils ont contractées ne se quittent que très difficilement et presque jamais entièrement […] Et comme le fruit principal qu’on doit attendre de l’institution des Écoles Chrétiennes est de prévenir ces désordres et d’en empêcher les mauvaises suites, on peut aisément juger quelle en est l’importance et la nécessité. » (01,06)[4] On voit ici que la pensée laïque d’Émile Durkheim est très proche de cela.

Ces articles de la Règle de 1718, les Frères les ont gardés minutieusement, jusqu’au Chapitre général de 1946 qui les considérait comme « un texte tellement sacré qu’il était hors de question de le soumettre à la discussion des Capitulants »[5]. Mais « la manière littérale de comprendre la Règle, de l’absolutiser, de la sacraliser impliquait une conception fermée d’une vie religieuse séparée de l’apostolat, marquée par la fuite du monde, tournée vers le passé à maintenir, et estimant que l’Institut ayant fait ses preuves, il n’avait rien à apprendre de la vie du monde et de l’Église » [6]

Bien que, aux yeux « de nombreux Frères »[7], le Chapitre général de 1946 « reste comme le symbole de l’Institut qui tourne le dos à son avenir »[8], certains Frères « surent s’ouvrir, entre 1946 à 1956 aux divers mouvements de renouveau qui vivifiaient alors l’Église et l’Institut »[9]. Citons entre autres [10] :

- « Le Frère Vincent Ayel : Il travailla à raviver la conscience de la mission catéchétique des Frères de France, par la création de la revue Catéchistes à partir de 1950, par la rénovation des études doctrinales et plus largement de la formation de base des jeunes Frères, et de la formation permanente des Frères actifs ».

- « Le Frère Guillermo Felix : Dès 1949, il détache quelques jeunes Frères pour de longues préparations, ayant déjà en vue la création de l’Institut Pie X qui verra le jour en 1956 ».

- « Le Frère Honoré de Silvestri : enseignant en technique et engagé dans l’action catholique ouvrière, il sut faire partager à des Frères sa passion d’arracher à la désespérance les jeunes du monde populaire […] : l’option pour les pauvres commençait à redevenir prioritaire dans l’Institut ».

- « Le Frère Didier Piveteau qui remit en honneur dans l’Institut le souci d’une formation pédagogique à l’écoute des courants rénovateurs de la pédagogie moderne, et des apports des sciences humaines”.

- « Le Frère Maurice-Auguste : étant sous-directeur du Second Noviciat de 1947, il comprenait dès lors qu’il fallait aborder la Règle d’abord comme un texte humain, en approfondir les sources, en élargir le contexte, y distinguer diverses couches rédactionnelles […]. Comment accorder la même valeur à tous les articles d’une Règle aussi composite, ainsi que le prétendait la conception fondamentaliste officielle ? »[11].

« Le Chapitre de 1946 avait voulu boucler toutes les portes de l’Institut à la vie des hommes et du monde ». C’est donc grâce à « l’initiative de ces Frères présents à leur temps, la vie du monde et de l’Église rentrait dans l’Institut par les fenêtres »[12].

Les divers mouvements de renouveau de l’Institut se faisaient ainsi progressivement jusqu’au Chapitre Général de 1956. Le Frère Nicet y fut élu supérieur général. Le Chapitre prit trois décisions majeures qu’on peut résumer ainsi :

- première décision : rendre la Règle à l’Institut vivant.

- deuxième décision : rendre l’Institut aux Frères

- troisième décision : porter sur la relance des études lasalliennes.

Le Frère Maurice commença la publication des Cahiers Lasalliens dès 1959. Grâce à cette diffusion, des travaux importants sur saint Jean-Baptiste de La Salle permirent notamment de montrer que le Fondateur ne se réduisait pas à la Règle. Ses « Méditations pour le temps de la retraite furent alors comme redécouvertes dans l’Institut. Leur message manifestait l’unité dynamique de la vocation du Frère ».

Vient ensuite le Concile du Vatican II annoncé par le Pape Jean XXIII, célébré d’octobre 1962 à décembre 1965. Les changements fondamentaux selon le charisme de l’Institut se basant sur le message du Concile sont manifestés dans la Déclaration du Chapitre Général de 1966. Une de ses caractéristiques, pertinente jusqu’à nos jours, nous permet d’apprécier son impact. Elle appelle les Frères « à être attentifs aux signes des temps (D. 11-13)[13] : Le Concile, déjà, disait aux Frères : votre vocation ne vous situe pas hors de ce monde, elle ne nous dispense ni de l’intérêt pour lui, ni de la connaissance de sa réalité et de ses problèmes, ni de votre engagement pour le servir, le transformer, le contester, le consacrer »[14].

2- Ce qu’est un Frère selon les enseignements des Supérieurs

La « Déclaration sur le Frère dans le monde aujourd’hui », Acte principal du 39e Chapitre Général de 1966 ouvrit les chemins d’un renouveau en indiquant clairement les objectifs de rénovation et en signalant les stratégies à engager et à poursuivre dans l’Institut. Elle invite « les Frères à devenir des fondateurs, à être attentifs aux nouveaux appels, à ne pas craindre d’inventer de nouvelles réponses, à rénover, à créer »[15] selon les situations et les milieux. Elle demande aux Frères « un effort d’imagination et de recherche personnelle et communautaire […] pour trouver des formes nouvelles et adaptées de présence éducative auprès des « plus » pauvres» (Déclaration 33, 1).

La nouvelle Règle de l’Institut est « le fruit d’un long processus dont le 41e Chapitre Général a été le couronnement. [Elle] fut approuvée par le Saint Siège le 26 février 1987 »[16]. À ce Chapitre, le Frère John Johnston fut élu Supérieur Général pour un mandat de 7 ans et réélu au 42e Chapitre Général pour le second mandat en 1993. Au début de chaque année, à partir de 1987, il envoie à tous les Frères de l’Institut une Lettre Pastorale qui donnent des lignes directrices et est considérée comme la concrétisation de la Règle. Ainsi je limite donc les enseignements des Supérieurs pendant cette période de 1987 jusqu’à nos jours.

Ses « Lettres Pastorales » reflètent à plusieurs reprises un appel pressant et continuel à la fidélité créatrice selon l’enseignement du Pape Jean Paul II dans Vita Consecrata [17]: « Les Instituts sont donc invités à retrouver avec courage l’esprit entreprenant, l’inventivité et la sainteté de leurs fondateurs, en réponse aux “signes des temps”, qui apparaissent dans le monde actuel »[18]. Frère John Johnston reformule cette idée en 5 mots « vivre aujourd’hui notre histoire fondatrice » [19]. Il a employé le mot « aujourd’hui » pour nous rappeler que « hier est hier et que demain est demain : que ni hier ni demain n’existent, il n’y a que l’AUJOURD’HUI »[20]. Le Frère Supérieur Général John Johnston a défini un peu plus loin sans ambiguïté ce qu’est un Frère aujourd’hui : « un Frère aujourd’hui signifie vivre authentiquement et de tout cœur dans le moment présent – vivre avec dynamisme, créativité, enthousiasme, joie, fierté… en d’autre termes, avec un amour impérissable »[21]. Ce thème sera repris et étudié largement au 44e Chapitre Général qui aura lieu au mois de mai 2007.

En effet, devant la baisse rapide du nombre des Frères dans le monde depuis le Concile du Vatican II, les Chapitres Généraux ont abordé le sujet de l’identité lasallienne et l’ont creusé profondément. « Les statistiques sont claires. Le manque de persévérance dans la vie religieuse laïque et le déclin des vocations ont été graves »[22]. Mais, l’Institut des Frères n’est pas l’unique congrégation qui subit cette « crise ». Lors du synode sur la prêtrise en 1990, « le Pape lui-même, dans son discours de clôture, a parlé de la crise d’identité du prêtre »[23] qui devient une question d’une importance centrale du synode. Le grave manque de vocations dans les pays de plusieurs évêques qui « ont suggéré une remise en question très généralisée de la nature du sacerdoce était une des causes importantes ».

Qu’est-ce donc un Frère lasallien aujourd’hui ? Le Frère John estime que l’Eglise « doit trouver un langage et des structures adéquates pour exprimer clairement et sans ambiguïté, les distinctions qui existent entre les vocations du clergé, des religieux et des religieuses, des membres des Instituts séculiers, des Sociétés de vies apostoliques, des associations de laïcs, et des fidèles en général »[24]. Pour les Frères, le sens et l’acte de consécration, à travers leurs voeux, caractérisent ce qu’est un Frère lasallien : « Je promets et fais vœu de chasteté, pauvreté, obéissance, d’association pour le service éducatif des pauvres et de stabilité dans l’Institut... »[25]. Ce qui différencie les Frères lasalliens des Dominicains, des Franciscains, des Cisterciens et de toutes les autres Congrégations, c’est ce 4e vœu et « nous devons éviter à tout prix de penser à notre vocation d’abord en terme de “vie religieuse en général” et deuxièmement en terme de “vie religieuse en particulier”. Il est devenu aujourd’hui banal d’affirmer, correctement, que la “vie religieuse en général” n’existe pas, que seuls existent des instituts particuliers »[26]. Plus tard, le Frère Alvaro, son successeur, a confirmé d’une manière radicale dans sa Lettre Pastorale de 2005: « Nous ne pouvons pas vivre une Vie Religieuse anonyme »[27].

En effet, nos Supérieurs ont essayé de faire ressortir cet esprit caractéristique de ce 4e vœu pour susciter les Frères à vivre « intégralement la dynamique révélée dans la formule de consécration ».[28]D’abord, « les Capitulants du 41e Chapitre Général (en 1986) ont rebaptisé notre 4e vœu »[29] qui est appelé « vœu de service éducatif des pauvres ». Depuis cette année-là, ce vœu est appelé le vœu « d’association pour le service éducatif des pauvres »[30] et ils voulaient par plusieurs manières approfondir cet esprit d’association et le transmettre aux Frères. Cet esprit se traduit par des mots et expressions devenues familières à tous les lasalliens aujourd’hui.

a- Interdépendance

Ce mot est introduit dans le vocabulaire de l’Institut depuis le Chapitre de 1986 (41e Chapitre Général). Le Chapitre veut dire que l’Institut des Frères n’est pas une « fédération » dont ses membres sont « indépendants ou dépendants », mais « vivant en relation les uns avec les autres ». « L’interdépendance est l’expression vécue de l’association »[31]. Elle exige à tous ses membres « la disponibilité de vivre comme frères et le partage des sources en personnel et en biens » qui est considéré comme un appel pressant du Frère Supérieur, à tout l’Institut, de vivre réellement cette interdépendance en venant au secours des régions, sous districts, délégations en difficulté, d’une manière explicite. Frère John Johnston a abordé ce sujet d’interdépendance 4 fois consécutives : dans son discours de clôture au Chapitre Général de 1986, dans les Lettres Pastorales de 1987, 1988 et 1989, ce qui fait pour « nous inciter à vivre notre fraternité plus profondément et de grand cœur »[32]. En introduisant ce mot d’interdépendance dans le vocabulaire de l’Institut, les Frères Capitulants manifestent leur soumission totale aux enseignements de l’Église : « Il s’agit avant tout, du fait de l’interdépendance, ressentie comme un système nécessaire de relations dans le monde contemporain, avec ses composantes économiques, culturelles, politiques et religieuses, et élevé au rang de catégorie morale »[33].

Ce mot nous parait nouveau, à des Frères vietnamiens. Les Frères traducteurs ont essayé d’inventer un mot composé « tuong tuy » qui n’existe pas encore dans le dictionnaire vietnamien. Il a pourtant le sens de « dépendance des uns aux autres » et nous invite « à vivre, non comme des enfants ou comme des individualistes, mais comme des hommes mûrs, désireux d’aimer, de faire confiance, de prendre des risques, de partager, de contacter des engagements exigeants et d’y être fidèles »[34]. On saisit à cette occasion que la pensée n’existe qu’au sein d’une langue particulière et des mots « manquants » entraînent des idées absentes…

b- Solidarité

« Les Frères veulent être, d’un seul élan, frères entre eux, frères avec les adultes qu’ils rencontrent, et frères aînés pour les jeunes qui leur sont confiés ». Cet article 53 de la Règle des Frères est la source d’inspiration permettant d’approfondir l’itinéraire de Saint Jean-Baptiste de La Salle. La solidarité comprise selon la signification lasallienne, a un sens de fraternité plus élargie, universelle : solidarité à l’égard de tous, spécialement des pauvres, ce dont parle l’article 32 de la Règle : « par la pauvreté évangélique, les Frères se font pauvres pour suivre le Christ pauvre et pour mieux servir les hommes, leurs frères, et surtout ceux qui sont les plus déshérités ».

Évidemment, en tant que disciples de Saint Jean-Baptiste de La Salle, une priorité d’importance pour nous est la « solidarité avec notre Fondateur »[35]. C’est la Règle qui exprime « les intentions du Fondateur dans un monde très différent du sien »[36] : le Saint Siège a reconnu dans ces textes « l’expression fidèle de Saint Jean-Baptiste de La Salle et de la tradition de l’Institut»[37]. Mais « solidarité avec les pauvres » est une « option » préférentielle et claire exprimée dans la Règle : « La fin de notre Institut est de procurer une éducation humaine et chrétienne aux jeunes, spécialement aux pauvres ». Cette solidarité avec les pauvres appelle les Frères « non seulement en vertu de (leur) identité lasallienne, mais en vertu de notre condition humaine et de notre baptême » répondant « aux besoins des affamés, des nécessiteux, des sans-abri, des malades, des découragés »[38], le langage sans compromis que le Pape a employé : « Les ignorer reviendrait à s’identifier au “riche bon vivant” qui feignait de ne pas connaître Lazare le mendiant qui gisait près de son portail »[39]. Un message du Frère Supérieur John, adressé à tout l’Institut sur la Solidarité, résume tout l’itinéraire de la mission des Frères : Croître en Solidarité [40] nous demandant de « prendre des mesures concrètes telles que les suivantes »[41] :

1-          Vivre comme des personnes aux moyens ordinaires ou de condition de vie modeste selon l’esprit de l’article 32 de la Règle : « Les Frères vivent simplement, comme les gens de condition modeste, mettant tout en commun ». Parce que selon Saint Jean-Baptiste de La Salle, dans son Testament, si nous devenons trop « familiers » avec les personnes économiquement à l’aise, « vous prendrez goût à leurs manières d’agir [...], vous ne pourrez vous défendre, par politique, d’applaudir à leurs discours, quoique très pernicieux » et ainsi nous fermerions nos cœurs à Dieu et deviendrons étrangers aux pauvres [42].

2-          Approche du terrain : Les Frères ont besoin d’avoir « le contact direct avec les pauvres et avec le monde où ils vivent » pour « voir » de façon plus vive et sentir « plus intensément la pauvreté qui existe à travers le monde, dans nos villes, et peut-être à notre porte » et s’efforcer « d’en découvrir la cause ».

3-          Études des enseignements sociaux des Papes et des autres autorités vaticanes, des conférences internationales ou nationales d’évêques, de religieux... pour « approfondir notre connaissance et notre compréhension des problèmes sociaux d’aujourd’hui ».

4-          Aider les élèves spécialement ceux qui appartiennent aux milieux aisés à s’occuper davantage des problèmes sociaux à la lumière des enseignements cités au numéro 3.

5-          Priorité à l’activité missionnaire : Engagement à d’autres services « là où les besoins se font davantage sentir » [43] en confiant « à d’autres certaines œuvres » (ou des responsabilités particulières à l’intérieur de nos œuvres).

6-           Selon l’esprit de l’article 40a de la Règle, priorité au service des pauvres en formant « des remplaçants qui permettront de dégager des Frères pour ce service des pauvres » : « libérer un certain nombre d’hommes pour l’activité missionnaire ; en libérer pour travailler dans les œuvres existantes en faveur des pauvres ; former une communauté nouvelle pour ce service éducatif des pauvres ; créer une œuvre éducative à leur intention ».

Ce thème de Solidarité est apparu de nouveau dans la Lettre Pastorale de 1993 intitulé « Solidarité avec les Pauvres »[44] en cherchant à convaincre les Frères que « si tu cherches la paix, va à la rencontre des pauvres », se basant sur l’article 40b de la Règle : « Les Frères envisagent leur propre épanouissement personnel et communautaire, intellectuel et spirituel, à la lumière d’une conversion progressive aux pauvres » en vivant comme « des gens de condition modeste, mettant tout en commun » (Règle 32), ce qui est déjà mentionné plus haut. L’association avec les collègues laïcs en proposant de leur « transférer certaines de nos activités » et de « nos initiatives en faveur des économiquement pauvres, des illettrés, des victimes de l’injustice sociale, des gens du voyage, des jeunes ayant des problèmes caractériels de tous genres, des handicapés mentaux ou physiques, et des jeunes ayant des difficultés scolaires »[45] est aussi particulièrement signalée, se référant toujours à l’esprit du Fondateur manifesté dans la Règle et rappelé par le Saint Père : « La fidélité à votre charisme ne doit pas être statique, ancrée dans le passé. Elle doit être dynamique et capable de s’adapter aux diverses situations culturelles et sociales dans lesquelles le Seigneur vous appelle à travailler ».

Ce objectif du service des pauvres est rappelé plusieurs fois dans presque toutes les Lettres Pastorales du Frère John Johnston : Lettre Pastorale de 1994, de la page 40 à 45, abordant « l’éducation des pauvres : dimension constitutive. », « notre engagement missionnaire ». « Notre rôle spécifique » est analysé à la page 47 en nous rappelant que « notre rôle-clé est d’être les premiers témoins de l’esprit et du charisme du Fondateur » et que nous devons « nous rendre disponibles pour le service éducatif des pauvres »[46].

Dans la Lettre Pastorale de 1995, John Johnston a développé le sujet du charisme et aussi de nouveau « notre rôle spécifique » et notre mission à la lumière de l’esprit de Jean-Baptiste de La Salle. Il a conclu ce passage en demandant qu’une « école soit un signe du Royaume, (qu’elle) soit un moyen de salut, toujours à renouveler, et accessibles aux pauvres [...] et soit parmi les principaux moyens pour aider les pauvres à se libérer de la misère »[47], ce qui était affirmé dans sa Lettre Pastorale de 1993 : « comme le Fondateur, tenir communautaire des écoles ou des centres d’éducation chrétienne à la portée des pauvres »[48].

Un sous-titre de la Lettre Pastorale de 1996 attire bien l’attention de tous les lecteurs lasalliens : « nous comprendre nous-mêmes aujourd’hui ». Frère John veut que nous prenions conscience de ce que nous sommes aujourd’hui, dans cette société, que nous vivions non seulement de ce que nous disons et faisons mais de ce que nous sommes et de « ce que nous signifions »[49]. De là, « comme individus et comme communautés, nous émettons des messages « non-stop » »[50] à toutes les personnes « avec qui nous sommes en contact, en particuliers nos élèves » en difficulté qui « se plaignent [...] qu’ils ont rarement l’occasion de communiquer d’une façon personnelle avec les Frères »[51].

La Lettre Pastorale de 1997 intitulé « Être Frères aujourd’hui, le défi permanent de la Déclaration 1967-1997 » présente dans la 2e partie « Vivre en tant que Frère aujourd’hui » tout un programme à la fois théorique et concret de la vie d’un Frère lasallien dans ce monde mouvementé. Surtout son sous-titre à la page 72 « nous occuper généreusement et avec hardiesse de ceux que le monde néglige » (Encyclique Vita Consecrata[52], 63), nous mettent au clair l’ « option préférentielle » de l’Église pour les pauvres : « solidarité avec les pauvres, en solidarité avec les pauvres AUJOURD’HUI, défendre et promouvoir les droits des enfants ». Ce sont les sujets abordés dans cette partie de la Lettre Pastorale de 1997. Le projet Mission 100+ appelant les volontaires, Frères et laïcs, pour la mission dans les pays qui en ont le plus besoin est la concrétisation de l’esprit de l’association et de la mission partagée.

Il faut aussi rappeler cette importance qui doit orienter des activités et initiatives dans des écoles existantes, des nouvelles écoles ou de nouveaux centres : « notre mission spécifique a été, et continue d’être, d’offrir aux pauvres, non pas n’importe quelle sorte de service, mais le service de l’éducation »[53].

La Lettre Pastorale de 1998 prépare les Frères à « regarder vers l’avenir comme des HOMMES d’ESPÉRANCE» en construisant « des communautés aujourd’hui qui soient innovatrices, créatrices et saintes », en vivant « à plein (notre) consécration à Dieu, engagés dans un ministère de charité avec des cœurs vraiment aimants »....

Ayant préparé la Lettre Pastorale de 1999, sa dernière en tant que Supérieur, il aborde et oriente directement la mission lasallienne pour ceux qui l’osent : « Sur la défense des enfants, le Royaume de Dieu et la Mission lasallienne ». Ce message n’est pas adressé seulement aux Frères mais « à tous les membres de la Famille lasallienne »[54], une puissance numérique qu’ « ont peu de groupes, d’associations ou organismes en éducation »[55] en se basant sur la longue histoire de l’Institut, « un énorme potentiel, un potentiel que nous nous efforçons, efficacement, grâce à Dieu, de mettre en œuvre »[56]. Des sujets abordés dans cette Lettre : « violation des droits de l’enfant : l’avortement, la pauvreté, les enfants des rues, les sévices sexuels, la santé, les handicapés physiques et mentaux, l’alphabétisme, le travail des enfants, les enfants et les conflits armés, la violence des jeunes, les infractions des jeunes, refuser aux enfants leur enfance ». Elle aborde aussi les sujets « Défense des droits des enfants » qu’exigent la Convention internationale, « Saisi par la situation des enfants pauvres et abandonnés », « la défense des enfants : un nouvel objectif pour la mission lasallienne, nouvelles réponses à de nouveaux problèmes, la solidarité avec les pauvres ». La réponse à la question « comment pouvons-nous vivre solidaires des enfants et des jeunes pauvres aujourd’hui ? » présente une « liste de possibilités » d’actions concrètes suggérées aux « Frères et les autres Lasalliens »[57].

En reprenant l’article 11 de la Règle pour conclure cette Lettre « Attentif en premier lieu aux nécessités des pauvres... », Frère John Johnston veut nous transmettre ce message radical de revenir à la source : « En tant qu’hommes qui sommes consacrés entièrement à Dieu dans le ministère de la jeunesse, de la jeunesse pauvre surtout, et comme animateurs de la Famille lasallienne, nous ne devons pas permettre que la situation tragique des enfants exploités nous “effraie” ou “nous fasse reculer”. Au contraire, nous devons être attentifs et répondre à leur attente »[58].

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Le nouveau mandat du Frère Supérieur débute par un Chapitre général. Le 43e s’est déroulé en l’an 2000 et le Frère Álvaro Rodríguez Echeverria est élu comme Supérieur, successeur du Frère John Johnston. Il continue toujours la tradition de son prédécesseur en envoyant régulièrement à tous les Frères une Lettre Pastorale au début de chaque année inspirée cependant par les Actes du Chapitre Général de l’an 2000. L’appel du Chapitre Général à tous les Frères de l’Institut a accentué sur l’association pour le service éducatif des pauvres comme l’exprime la lettre du Frère Supérieur et son Conseil datée de trois mois après le Chapitre :

« [...] Une conscience renouvelée de notre appel commun à nous associer pour le service éducatif des pauvres a fait converger nos efforts pour répondre aux défis du 21e siècle ».

Il semble que les Capitulants ont fait un effort décisif de convaincre les Frères et de convertir leur concept sur l’identité et la mission lasalliennes en creusant profondément le charisme du Fondateur. Les Actes du Chapitre se composent de 6 chapitres qui se convergent sur ce sujet :

Le chapitre premier intitulé « Associés pour répondre aux défis du 21e siècle » abordant les sujets : associés pour le service éducatif des pauvres ; structures d’animation et d’accompagnement ; la participation des associés lasalliens aux instances de décision concernant la mission lasallienne ; formations des Frères et des partenaires pour la mission lasallienne. Tous ces 4 derniers sujets qui sont en rapport avec les partenaires visent cependant la mission de « service éducatif des pauvres ».

Le chapitre deuxième a pour titre « La mission aujourd’hui : urgences et espoir » dont le premier point reprend aussi le « service éducatif des pauvres » où se trouve la Proposition 12 que la session inter capitulaire en 2004 a choisi comme objectif de l’évaluation. Le deuxième point ayant pour titre « Affronter notre réalité démographique et vivre l’association pour le service éducatif des pauvres », appelle les Frères même âgés à « un engagement apostolique privilégiant un service éducatif des pauvres en réponse à des appels du District ou de l’Institut pour des œuvres actuelles ou à créer » (Proposition 20). Le 3e et le 4e point abordent le sujet de la « formation des Frères » et de l’« animation de la pastorale des vocations de Frères » assurant une promotion d’un « processus de conversion pour le service éducatif des pauvres » (Proposition 24).

Le troisième et le quatrième chapitre abordent enfin les sujets : « gouvernement et gestion » et « la Règle » qui sont nécessaires pour rester toujours actuels.

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En s’imprégnant de l’esprit du Chapitre, le successeur de John Johnston a écrit la première Lettre Pastorale au mois de décembre 2000, adressée à tous les Frères du monde ayant pour titre « LE VISAGE DU FRÈRE AUJOURD’HUI, la place centrale de notre Quatrième Vœu », qui est exprimé clairement dans cette pensée, p. 24 : « Je pense qu’aujourd’hui […], les enfants et les jeunes pauvres, à la cause desquels nous nous sommes consacrés par notre quatrième vœu, sont un sacrement de Jésus-Christ qui nous fait sentir la paternité divine et notre indigence, et en même temps ils nous poussent vers un service solidaire. Est-ce que cela ne sera pas l’un des traits les plus caractéristiques du visage du Frère aujourd’hui ?».

Les thèmes de la 2e Lettre Pastorale de 2001 et de la 3e de 2002 sont centrés sur la spiritualité lasallienne : vie communautaire et vie de prière en se basant sur le chapitre 3 de la Règle : la communauté des Frères doit être une communauté de foi, une communauté apostolique, une communauté fraternelle, une communauté de prière.

La prière finale de cette Lettre nous signale la nécessité d’une vie communautaire proprement dite pour cette mission qu’est le service éducatif des pauvres :

Seigneur Jésus, nous te demandons par l’intercession de Saint Jean-Baptiste de La Salle et des Frères de nos origines, qu’inspirés par l’exemple de ceux qui nous ont précédés et qui ont trouvé dans la communauté l’appui et le courage pour porter ton salut aux jeunes pauvres et, à partir d’eux, à toute la jeunesse…[59]

c- Quatrième Lettre Pastorale, le 20 avril 2003

Une Lettre Pastorale spéciale parue le 20 avril 2003 intitulée « La vocation du Frère aujourd’hui » appelle les Frères de chaque Région de l’Institut à « redynamiser la pastorale des vocations »[60], en étant conscient que « depuis saint Jean-Baptiste de La Salle, cet Institut est d’une très grande nécessité. Les jeunes, les pauvres, le monde et l’Église ont besoin du ministère des Frères » (Règle des Frères, art. 141).

La pastorale des vocations exige d’abord la confiance en sa mission, une ferme conviction de sa nécessité, une vision claire du pourquoi de son existence ici, dans cet Institut. Quand on croit en la valeur de la vie religieuse et que l’on identifie sa mission, on est capable d’inventer, de courir le risque de nouvelles initiatives significatives qui répondent aux besoins actuels.

« Celui qui a un 'pourquoi' vivre, peut supporter presque n'importe quel 'comment' (Nietzsche) » [61]

Le Frère Alvaro appelle les Frères à prendre conscience que « l’engagement des Frères dans la Pastorale des vocations est un signe de vitalité de l’Institut et un gage pour l’avenir » (Règle, 148). Mais la première condition pour s’engager dans cette voie est de croire en soi-même, en la valeur de la vie religieuse et surtout à la vie lasallienne qu’on vit. « Ceci est fondamental. Sans une foi profonde en ce que nous sommes, nous ne serions pas capables d'influencer les autres pour qu'ils nous suivent, surtout dans un monde où, comme nous le dit le même document post-synodal, beaucoup doutent du sens de la vie consacrée : “Aujourd'hui beaucoup de jeunes  se montrent perplexes et s'interrogent : pourquoi la vie consacrée, Pourquoi embrasser ce genre de vie, alors qu'il y a tant d'urgences, dans les domaines de la charité et de l'évangélisation elle-même, auxquelles on peut aussi répondre sans se charger des engagements particuliers de la vie consacrée ?  (V.C. 104) » [62]. C’est évidemment vrai que la pastorale des vocations est une question vitale, mais de la part des jeunes qui désirent adopter la vie des Frères, à part de ce qu’est le Frère, ils devraient savoir aussi ce que font les Frères et leur influence sur la société parce qu’« une part de notre identité se révèle dans nos actions, non tant par la qualité des ces dernières, mais parce qu’agir, c’est toujours agir pour, on agit en se mettant à la place de celui auquel l’action est destinée, L’action est et indique une place, une manière de se positionner »[63]. Conscient de cette réalité, Frère Alvaro a réaffirmé clairement la mission lasallienne qui est la réponse à des appels des pauvres et des jeunes : « Mais je crois que le principal n'est pas de survivre, de ne pas mourir. Ce qui est fondamental, c'est de répondre aux besoins croissants des pauvres et des jeunes, répondre fidèlement à leurs appels. Ils sont notre raison d'être »[64].

d- 5e Lettre Pastorale, le 25 décembre 2003

 De plus en plus, le Frère Alvaro entre directement et concrètement au niveau de la mission des Frères. Cette Lettre Pastorale intitulée « ASSOCIÉS AU DIEU DES PAUVRES, notre vie consacré à la lumière du 4e vœu » en est la preuve. En effet, dès l’introduction, il a cité l’article 5 de la Règle disant : « tenir ensemble et par association les écoles au service des pauvres » et l’article 14 : « Envoyés par leur Institut, principalement auprès des pauvres, les Frères sont conduits communautairement à prendre conscience des racines même de la pauvreté qui les environne et à s’engager résolument, par le service éducatif, dans la promotion de la justice et de la dignité humaine ». La mission des Frères est donc sans aucune ambiguïté « ensemble et par association au service éducatif des pauvres » qui est en réalité notre 4e vœu d’adhésion à l’Institut.

 Dans toute sa Lettre, Frère Alvaro a analysé ce 4e vœu et par ses réflexions, il est arrivé à convaincre les Frères de cette liaison étroite entre lui et les 3 autres vœux. Étant « l’intuition originelle du Fondateur », l’originalité de ce vœu tient à « son importance et son actualité » occupant ainsi « une place centrale » du charisme et de l’esprit de l’Institut. De la promotion de la Justice, par exemple, il a fait une liaison entre elle et le 4e vœu en écrivant : « construire un monde où l’éducation serait le patrimoine de tous et où les enfants et les jeunes pauvres trouveraient des possibilités de participer et de grandir ». Tel fut le rêve lasallien. [….]. C’est dans cette perspective que se situe notre 4e vœu d’association pour le service éducatif des pauvres ».

La dernière Lettre Pastorale du Frère Alvaro avant la fin de son premier mandat a pour titre : « Associés pour, ensemble, chercher Dieu, suivre Jésus-Christ et travailler pour son Règne ». Frère Alvaro réaffirme encore une fois que « nous ne pouvons pas vivre une Vie Religieuse anonyme »[65]. Mais c’est seulement dans l’amour et comme passion d’amour que ce choix de vie a un sens : une « Passion pour le Christ et passion pour l’humanité ». Cette passion pour l’humanité passe surtout par la solidarité, la proximité, la présence, l’accueil, l’accompagnement »[66]. Le défi est exigeant.

e- Vers l’avenir

Déjà depuis un an, les Frères dans le monde entier travaillent à la préparation du 44e Chapitre Général. Des documents sont divulgués largement et, au Vietnam en particulier, nous nous efforçons de traduire en vietnamien le plus possible des documents qui semblent nécessaires pour l’étude ou pour la discussion communautaire.

Un document intitulé « Être Frères aujourd’hui » est déjà entre leurs mains en vue de préparer ce 44e Chapitre Général de 2007. Mais « ce n’est pas seulement un texte, c’est un processus qui nous invite à approfondir nos certitudes et nos convictions sur le mystère d’être Frères dans l’Église et dans le monde aujourd’hui » (Présentation du Frère Supérieur Général).

« Être Frères aujourd’hui », le Comité préparatoire du Chapitre veut nous rappeler que « tous, Frères d’hier et Frères d’aujourd’hui, nous sommes appelés à nous poser la question de ce que nous entendons par « Être Frères aujourd’hui », à partir des nouvelles interrogations et des réalités nouvelles apparues dans ces quarante dernières années ».

Nombreuses sont les questions envoyées à tous les Frères, figurées dans cette Lettre, cependant comme le Supérieur a écrit : « nous ne cherchons pas à définir une nouvelle “épine dorsale” en vue du Chapitre Général. Mais nous voulons vraiment que les Frères aient la chance, grâce à un processus interactif, de réfléchir sur le mystère de notre vocation et le rôle nouveau que notre communauté, comme première forme de notre association doit avoir au sein de la grande association lasallienne pour le service éducatif des pauvres ».

Le 44e Chapitre Général a eu lieu du 30 avril au 2 juin 2007 à Rome. « Il se termine, et c’est le début ». Par les cérémonies d’ouverture, il a fait les Capitulants « entrer dans une démarche biblique d’Exode pour discerner dans la foi ce que Dieu demande à l’Institut aujourd’hui » en les recommandant d’avoir « des yeux ouverts et des coeurs passionnés » pour l’amour de Dieu et des pauvres.

Après des jours de prières, de réflexion et de discernement, les Capitulants ont suffisamment du temps pour prendre  conscience de « l’importance de la vocation lasallienne pour le monde et l’Eglise d’aujourd’hui ». En étudiant les réalités du monde, de l’Eglise, de la Famille lasallienne et de l’Institut, les Frères Capitulants ont perçu « l’urgende d’une conversion à l’esprit de Jésus qui nous pousse à nous renouveler en profondeur pour remplir la mission qui nous est confiée et que nous avons à remplir dans le monde et les situations qui sont les nôtres ». Les thèmes sont ainsi centrés sur :

1- Association pour le service éducatif des pauvres ;

2- Service Educatif des pauvres ;

3- Vie communautaire ;

4- Vie intérieure ;

5- Pastorale des vocations ;

6- Gouvernement et Animation ;

7- Accompagnement des jeunes Frères.

 Les chantiers de la mission des Frères ne manquent pas : « les nouveaux des droits de l’enfant ; de la vie, de son début à la fin ; des problèmes créés par les mouvements migratoires ... ». Le Chapitre a ainsi envoyé un message à tous les Frères lasalliens dans le monde entier et un autre à tous les membres de la Famille Lasallienne en les invitant à y répondre et de quel âge qu’ils soient, qu’ils jouent leur rôle dans la vitalité de l’Institut et que leur coeur soit ouvert à l’appel de Dieu vers les pauvres. Le schéma suivant pourrait résumer ce message : 

 

Text Box: 44e Chapitre général
Text Box: Esprit
Text Box: Aves des yeux ouverts
Text Box: Association
Text Box: Des coeurs passiommés
Text Box: Frères
Text Box: Mission : service éducatif des pauvres
Text Box: collaborateurs
Text Box: Chapitre du district
Text Box: Conversion
Text Box: Vie communautaire
Text Box: Vie intérieure

  

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Le Chapitre général a invité Frères et collaborateurs à avoir des yeux ouverts et des coeurs passionnés pour le Christ et pour l’humanité en s’associant pour le service éducatif des pauvres. Chaque district dans le monde entier assume la responsabilité de concrétiser ces orientations selon les situations de chaque pays, par une urgente conversion de leur vie communautaire et intérieure.

3- Chapitres du District

Depuis 1975, les Chapitres du District se réunissent une fois tous les 4 ans : le 4e Chapitre en 1980, le 5e Chapitre en 1984, le 6e Chapitre en 1987, le 7e Chapitre en 1991, le 8e Chapitre en 1995, le 9e Chapitre en 1999, le 10e Chapitre en 2003 et le 11e Chapitre commencera au mois de février 2007.

Le 4e Chapitre, le premier après 1975, a eu lieu dans une époque d’ébranlement comme nous l’avons vu dans la deuxième partie. Les Frères Capitulants étaient assez prudents en discutant sur l’identité lasallienne et en adoptant une proposition directe. En effet, la proposition 6 exprime une des caractéristiques de la vie lasallienne, la vie communautaire qui a quelque rapport avec l’identité : « Vivre en communauté est un facteur obligatoire et caractéristique de la vie lasallienne ». Cependant, cette proposition pourrait être considérée comme une « introduction » pour amener à la proposition suivante : « Les Frères qui vivent isolément forment une communauté en élisant un directeur qui sera approuvé par le Frère Visiteur. Le Frère Directeur et les membres de la communauté organiseront la manière de se communiquer et de s’entraider entre eux ainsi que d’assurer la relation avec le Frère Visiteur et le District ». La « communauté diaspora » est ainsi née, une solution de « sortir du mauvais pas ».

La proposition 10 révèle enfin une inquiétude et un tâtonnement dans la recherche de vivre la mission lasallienne : « Fonder un groupe de volontaires apostoliques sous la direction du gouvernement du District pour réfléchir, étudier sur les activités apostoliques lasalliennes afin de diriger, encourager et réunir les Frères. En voici quelques orientations utilisées comme sujet de réflexion du groupe pour commencer :

-        Trouver une « théologie » pour les activités lasalliennes dans le pays socialiste du Vietnam.

-        Concrètement, étudier la manière d’aider les Frères à s’engager dans l’enseignement du catéchisme de la paroisse ».

La proposition 11 aborde le sujet d’ « authentification » des activités individuelles, c’est aussi un tâtonnement pour sortir du mauvais pas en essayant de « remédier » à cette lacune de laisser chacun se débrouiller pour vivre sa vocation : « Reposer sérieusement le problème d’authentification » des activités individuelles pour que chaque Frère se sente envoyé et soutenu par la communauté ».

Seule, la Proposition 9 du 5e Chapitre en 1984, aborde le sujet de l’apostolat religieux d’une manière assez vague et générale et non typiquement lasallienne : « L’apostolat du religieux réside d’abord dans le témoignage de vie consacrée, laquelle devant être nourrie par la prière et la mortification ».

 Il faut jusqu’en 1987, un petit rayon de lumière de l’identité s’entrouvre à la fin du tunnel à travers le 6e Chapitre concrétisé dans la Proposition 2 : « Pour que notre MISSION reprenne sa vitalité d’origine, le Chapitre du District invite chaque Frère à vivre leur témoignage par prière, sacrifice et ouverture devant les aspirations du monde et de l’Église d’aujourd’hui, en particulier des jeunes [les pauvres ne sont pas encore mentionnés quoiqu’ils soient toujours présents dans la Règle] et assumer, avec l’accord de la communauté, quelques activités apostoliques suivantes :

-        Participer à la catéchèse.

-        Contribuer à la promotion de l’homme, spécialement dans le milieu où l’on vit.

-        Partager sa mission avec les membres de la Famille Lasallienne, en particulier, avec les Sœurs lasalliennes. »

Le rapport du 8e Chapitre du District en 1995 semble plus structurel et a beaucoup d’initiatives dans les différents domaines de la vie religieuse, de la formation et de l’administration. La commission de la mission a suggéré les propositions suivantes :

Mission :

·            Pour entrer dans l’orientation commune du 42e Chapitre Général et réaliser les Propositions de la Circulaire 435 au sujet de la Mission ;

·            Pour réaliser les fonctions du charisme lasallien face aux besoins pressants de l’Eglise et de la jeunesse ;

·            Pour rénover le District lui-même en marche vers le troisième millénaire ;

·            Pour réaliser le vœu « Ensemble par Association »

Le Chapitre demande :

Catéchèse :

1-     Parfaire les sessions de la formation catéchétique déjà existantes.

2-     Inviter les Frères à participer plus nombreux à la catéchèse.

Voici la réponse de Rome aux Propositions du 8e Chapitre par rapport à la mission:

[...] Parce que vous avez accentué le vœu d’Association comme prioritaire dans votre Proposition, il nous semble important de citer textuellement la phrase complète : « L’ Association pour le service éducatif des pauvres » pour donner plus de force à la direction de vos apostolats.

« Peut-être le No 2 “qu’un plus grand nombre de Frères participent à la catéchèse” reste un souhait si vous ne précisez pas quelques modalités pour engager un plus grand nombre de Frères ».

En réalité, bien que l’on soit déjà en 1995, une dizaine d’années après le phénomène de « renouveau » de 1986, les vagues propositions de ce 8e Chapitre manifestent une certaine hésitation d’affirmer un chemin clair, facile à poursuivre.

a- Chapitre 9 du District : Voici quelques extraits concernant la mission lasallienne au Vietnam :

1- Observation :

[...]

1.6 A propos des orientations de la Circulaire 447

* Mettre en relief l’identité, le charisme lasallien dans le programme de formation.

* Besoin d’un document officiel sur la spiritualité lasallienne pour pouvoir partager avec les partenaires lasalliens.

2- Orientation :

2.1 L’identité du Frère lasallien est manifestée clairement dans l’effort d’« unir harmonieusement chez chacun les dimensions de la vocation lasallienne ».

* La mission éducative, spécialement dans le domaine des pauvres.

2.2 Besoin d’approfondir l’identité lasallienne par une oeuvre qui fait ressortir les valeurs du 4e vœu « ensemble et par association pour le service éducatif des pauvres » qui, dans cette perspectives, éclaire notre vue sur les autres vœux.

[...]

2.5 Les formateurs doivent accentuer les points suivants :

* Sensibilisation des jeunes Frères sur le service éducatif des pauvres.

* Prise de conscience d’une manière plus profonde de la justice sociale.

Commentaire de l’auteur : (C’est seulement, en ce Chapitre 9 de 1999 qu’on discute directement sur la mission et identité lasalliennes. Cela montre qu’il faut une longue période de réflexion et de travail intense avec des expériences vécues, des études de la réalité pour oser aborder ce sujet).

* ouverture sur l’association avec les partenaires.

3- Recommandations

[...]

3.4 Le District devrait publier rapidement un document sur la spiritualité et le charisme lasalliens

4- Propositions

[...]

4.3 Le District organisera une session pour les responsables actuels et futurs pour les aider à animer et accompagner efficacement les Frères dans leur communauté.

Approbation de Rome

Commission Mission

Les 4 Résolutions de cette Commission ouvrent les perspectives vers le futur. Nous applaudissons les deux projets pour le Grand Jubilé qui sont directement selon les priorités et les orientations de l’Institut aujourd’hui [...]. Le deuxième, pour les enfants malheureux, continue la direction que vous avez déjà embrassé de plus en plus.

Renforcer votre travail catéchétique (2) a ses propres conséquences, aujourd’hui et pour le futur, surtout dans la préparation de vos jeunes Frères pour continuer et élargir cet apostolat fondamental pour notre Institut.

b- Chapitre 10, 2003

LA MISSION

A- SERVICE ÉDUCATIF des PAUVRES

I. Constats

1.      Depuis quatre ans, le souci du service éducatif des pauvres devient de plus en plus évident à travers un certain nombre de réalisations concrètes du District.

2.      Cependant ce service exige toujours une continuelle conversion du cœur et de la façon de vivre de chaque Frère du District.

3.      Le choix prioritaire en faveur des pauvres concerne aussi les Associés lasalliens capables de coopérer avec les Frères.

II. ORIENTATIONS

1.      Que le District centralise ses efforts sur certaines œuvres de pointe : centres de formation professionnelle et culturelle pour les zones retirées et les zones de montagnes, pour les drogués après guérison, classes de charité.

2.      Il est nécessaire de promouvoir la créativité pour trouver les moyens, les instruments pédagogiques... pour fournir des occasions aux jeunes, aux pauvres d’accéder effectivement aux œuvres mentionnées (Cf. 9e Chap. de District, p. 16).

3.      Le District et les Associés lasalliens acceptent de se diriger pas à pas vers les milieux sociaux où ils pourront entrer en contact avec les jeunes défavorisés.

III.  RECOMMANDATIONS

Recommandation 5

·      Pour stimuler la conversion selon l’esprit de pauvreté évangélique, le District établira des structures concrètes pour aider :

o          les sujets en formation à entrer en contact avec les enfants pauvres,

o          les jeunes Frères en Communauté à avoir l’occasion de vivre un certain temps dans les zones retirées, éloignées, avant leur Profession de Vœux Perpétuels.

Recommandation 6

·      Fournir des occasions aux Associés lasalliens de collaborer aux œuvres ci-dessus mentionnées, au service des pauvres.

IV.  PROPOSITIONS

Proposition 5.

·        En vue du développement du service éducatif des pauvres,

a.         que le District évalue chaque année ce service dans les Communautés et dans les Centres créés à cette fin selon l’esprit lasallien, et informe chaque Communauté des résultats de cette évaluation ;

b.         que le District aide concrètement ces Centres et intervienne à temps pour leur permettre de se consolider et se développer ;

c.           que le District encourage les Associés lasalliens et leur donne occasion de renforcer leur collaboration.

Proposition 6.

·        Que chaque Communauté témoigne de sa solidarité avec les Communautés ayant des œuvres au service des pauvres, et les aide de façon concrète.

Sans avoir besoin d’ajouter de commentaires superflus, ce texte du Chapitre confirme au lecteur les progrès, la concrétisation et aussi l’audace des Capitulants de ce 10e Chapitre de prendre des propositions claires et directes concernant l’identité et la mission lasalliennes d’aujourd’hui. L’approbation de Rome ci-dessous est l’appréciation la plus objective et la plus pertinente.

Mission

Service éducatif des pauvres. Les 2 propositions dans ce chapitre cherchent à renforcer les activités apostoliques du service éducatif des pauvres de votre District d’une manière appréciable. Nous vous envoyons des compliments pour vos efforts de favoriser la collaboration des partenaires à participer plus pleinement à cette mission ainsi que l’appel à des communautés de s’associer avec le district dans le service éducatif des pauvres.

***

4- Enquêtes :

Je vais ici citer une enquête faite par le Frère André Ho Quoc Thang. Il a envoyé à 90 Frères du District du Vietnam un questionnaire sur la restructuration des pays appartenant à la « Région d’Asie-Pacifique » et a reçu 54 réponses. Voici quelques questions concernant la mission des Frères d’aujourd’hui. La réponse de la 10e question reflète un peu la compréhension ou le concept des Frères vietnamiens au sujet de la mission.

[…]

10- Il semble que ce n’est pas encore clair le But/la Mission du District ?

a- C’est le travail du prochain Chapitre du District                     24

b- Travail de tous les Frères                                                           03

c- Travail du Conseil du District                                                     02

c- Nécessité de le relater et de le divulguer largement              01

d- C’est clair mais pas encore affirmé/pris à cœur                      04

Le total des réponses a, b, c, d est 30/54. Un pourcentage assez élevé. Au fond, ces réponses quoiqu’elles soient différentes manifestent cependant plus ou moins qu’ils ne voient pas très clairement la mission lasallienne dans le District. Dans le niveau du District, après avoir fini la correction des « Actes du Chapitre », le secrétariat a fait imprimer, traduire en français et en anglais et envoyer à chaque Frère un exemplaire en vietnamien. De plus, une commission post-chapitre était élue pour venir dans chaque communauté afin de sensibiliser les Frères sur l’esprit et les Propositions du Chapitre. D’autre part, les Lettres Pastorales venues de Rome, sont toutes traduites en vietnamien et offertes à chaque Frère en particulier qui le désire. Le sujet de retraite annuelle est celui de la Lettre Pastorale de l’année. En tout cas, pour prendre conscience du But/Mission du District, ce sont la collaboration et l’effort personnels qui comptent.

Peut-être parce que ceux-là n’ont pas accepté la différence entre l’enseignement et l’éducation, ont-ils refusé de s’engager totalement dans le nouveau chemin en l’attribuant à une nette incompréhension. La réponse à cette question en est la preuve  (Frères et laïcs).

[…]

1-      L’enseignement est-il différent de l’éducation ? 141 réponses

- différent :                             63

- pareil :                                 67

Plus de la moitié des réponses ne fait pas encore de différence entre les deux actions.

À cette question « Que pensent les Frères et les gens du Vietnam de l’identité lasallienne ? », il n’est pas très pertinent de la poser après une trentaine d’années d’effort et de tâtonnement pour retrouver le chemin. Mais c’est pour dire que tous, je veux dire ici les gens (et même les Frères) qui connaissent les Frères, ne la comprennent pas (ou refusent de la comprendre) pareillement.

* Qu’entendez-vous par identité lasallienne ?

[67]LVN : (F. Désiré) Si on entend identité lasallienne ce que faisait le frère des écoles chrétiennes aux yeux des gens (la tenue des écoles), le fait que les frères ont perdu toutes les écoles en 1975 a fait penser à plus d’un, chrétiens, prêtres, et même à quelques frères que la mission lasallienne a pris fin avec ces événements. Des questions du genre : Pourquoi vous ne vous faites pas prêtre ? ont été posées à quelques frères, y compris à moi-même.

Personnellement, j’ai passé aussi par un moment de doute. Le raisonnement que j’ai fait et qui m’a aidé à tenir, c’était que je pouvais continuer mon travail de frère à travers les frères du monde … Je pensais à la communion des Saints. J’aurais pu penser à notre 4ème vœu : ensemble et par association. J’ai surtout pensé à la fidélité (valeur vietnamienne). C’est notre 5ème vœu ! Pour une fois, on a l’occasion de le vivre, ce 5ème vœu. Il est vrai que je n’y ai pas pensé d’une façon expresse. C’était confusément, comme une espèce de fond souterrain, de soubassement…: Être fidèle à ma vocation, à mes frères !

Nous trouvons des idées plus ou moins pareilles chez d’autres... Citons entre autres :

TLS : (ex-Frère TRINH LAM SON). À ce moment-là, j'avais l'impression que l'identité et la mission lasallienne au VN existent encore, mais elles ont été mises en sommeil : J'ai été formé pour exercer l'enseignement et l'éducation des jeunes dans les écoles ; sans écoles, pour moi, c'était extrêmement difficile. [68]

HT : (Frère HOANG THAI) Cependant, je ne voyais pas très clairement le caractère spécifique de l’éducation dans mon travail. Il y avait toujours un certain rêve très vague de pouvoir vivre autrement.[69]

NCQ: (Frère Valentin NGUYEN CAO QUI). À l’époque je pensais que l’arrivée des communistes signifiait la condamnation à mort des Frères au moins d’une manière publique.[70]

TP : (Frère Joseph-Marie TRUONG PHI, jeune). À cette époque, un Frère selon moi, était une personne qui enseigne la religion en se basant sur les Écritures Saintes et les écrits des grands auteurs conformément à la mentalité des jeunes et qui est à la fois religieux et enseignant (réponse d’un jeune Frère qui ne connaît rien du passé des Frères).

La réponse d’un vieux Frère est à entendre pour connaître un peu les vieux.

NVT: Que pensez vous de l’avenir de l’Institut à ce moment ? [71]

NPK: (Frère Guillaume NGUYEN PHU KHAI).  Très vaguement. Je ne sais pas que deviendront les Frères dans l’avenir. Cependant, je tiens à rester avec les Frères jusqu’au bout .

NVT: Est-ce que vous pensez que les Frères peuvent réaliser leur mission d’éducation sans école ?

NPK: Non, il faut avoir de grandes écoles pour pouvoir réaliser notre mission d’éducation. Ce que nous faisons maintenant est un programme replâtré.

NVT: Vous restez toujours là à espérer qu’on rendra nos écoles ?

NPK : Je prie Dieu chaque jour pour cette intention.

NVT : L’éducation et l’enseignement dans l’école sont-ils différents ?

NPK : Ils sont différents, cependant nous ne pouvons pas faire l’éducation sans école.

[...]

NPK: Il faut redéfinir l’identité des Frères, la mission lasallienne.[72]

TRAN QUANG DANG (ancien élève) : Je vois dans le Frère un éducateur « merveilleux », grâce à eux, je suis devenu ce que je suis aujourd’hui : un homme qui ne pense qu’à l’intérêt des autres, qui ne possède rien. Je me rappelle qu’un Frère a reçu l’argent du Frère Directeur pour le paiement du taxi et à son retour il lui a remis tout l‘argent qui reste. Cet acte m’a beaucoup édifié.

NGUYEN VAN CONG (ancien élève) : L’image d’un Frère est pour moi à la fois un bon enseignant et éducateur. La preuve est que tous les élèves de Taberd ne sont pas inférieurs à n’importe quel élève des autres écoles. Nous sommes conscients que les Frères ont rencontré beaucoup de difficultés surtout dans le domaine de la formation des jeunes Frères. Nous voulons aider les Frères dans ce domaine pour que nos futurs Frères possèdent le niveau de nos « maîtres » et qu’ils soient capables de répondre à la demande des autorités actuelles et que leurs élèves nous dépassent ou au moins... atteignent notre niveau !

À la question de l’Image du Frère, les réponses sont très variées. Il n’y a que 74 personnes qui donnent une « réponse juste ».

1-     Qu’est-ce un frère lasallien selon vous ? (on peut donner plusieurs choix en même temps=263 réponses)

-              un enseignant                                       :          21

-              un éducateur                                         :          35

-              un religieux                                           :          26

-              un religieux-éducateur               :        74

-              un frère                                                   :          35

-              un ami                                                    :          30

-              un accompagnateur                             :          37

-              comme tous les autres enseignants  :          05

***

Nous sommes en l’an 2007 où le diocèse de Nha Trang célèbre son 50e anniversaire de sa fondation. A cette occasion, il a publié un superbe Palmarès de 340 pages en couleurs. Y sont figurées toutes les activités du diocèce pendant les 50 années passées. Vingt-trois congrégations religieuses se sont installées dans cette terre fertile depuis très  lontemps (Les Frères lasalliens par exemple, y sont présents depuis 1933). Chaque congrégation occupe d’une à deux pages pour présenter aux lecteurs son image religieuse : mission et activités avec des photos illustrées. L’auteur de l’article concernant les communautés lasalliennes a écrit : « La mission apostolique des Frères Lasalliens est essentiellement de bien vivrre sa vocation de vie religieuse dans la simplicité et la modestie... ». C’est peut-être une nouvelle définition de la vie des Frères qui n’a aucun rapport avec celle de la Règle : la mission lasallienne est de « donner une éducation chrétienne et humaine aux jeunes, en particulier aux pauvres », ce qui est exprimé précisément dans le chapitre 2 de la Règle de l’Institut des Frères. Cette « nouvelle définition » ou « redéfinition spontanée » manifeste encore une incompréhension inconsciente du sens de l’éducation[73].

Viendra bientôt le 11e Chapitre du District qui aura lieu au mois de février 2007. Le Frère Visiteur Provincial et son Conseil vont présenter une évaluation à tous les Frères de ce que l’on a fait ou n’a pas pu faire conformément à la mission lasallienne dans cette situation au Vietnam. Normalement, le Chapitre du District se déroulera après le Chapitre Général pour appliquer les propositions prises.

***

Qu’est-ce donc « Être Frères aujourd’hui » ? Une recherche incontournable du retour à « nos racines : l’amour passionné pour Dieu et pour les pauvres au cœur de la fondation »[74] est sérieusement étudié à fond au 44e Chapitre Général et surtout en réponse aux besoins actuels car « tous les Frères » sont convaincus que « dans les écrits, la vie et l’œuvre de saint Jean-Baptiste de La Salle, leur Père, l’Esprit-Saint s’est manifesté d’une manière privilégiée et qu’ils doivent y puiser aujourd’hui le principe vivant de leur conduite » (D 5)[75]. Nous voulons dire par là que « l’itinéraire suivi par saint Jean-Baptiste de La Salle et ses premiers associés constitue pour nous une importante image de fondation, ce qui signifie que sa personnalité, les événements et les carrefours évangéliques de sa vie constituent comme une fenêtre qui nous aide à relier dans l’espace et le temps les réalités que nous vivons dans les divers continents »[76].


 

[1] Règles des Frères des Ecoles Chrétiennes (1718), Ch. 1, art. 1.

[2] Idem., art. 3

[3] Idem., art. 4

[4] Règles des Frères des Ecoles Chrétiennes (1978), Ch. 1, art. 6

[5] Michel SAUVAGE, Relecture de la fondation, Cahiers lasalliens No 55, p. 268

[6] Idem.

[7] Idem.

[8] Idem.

[9] Idem.

[10] Idem., p. 269.

[11] Michel SAUVAGE, Relecture de la fondation, Cahiers lasalliens No 55, p.270

[12] Michel SAUVAGE, Relecture de la fondation, Cahiers lasalliens No 55, p.270

[13] Déclaration No 11-13

[14] Michel SAUVAGE, Relecture de la fondation, Cahiers lasalliens No 55, p. 274

[15] Michel SAUVAGE, Relecture de la fondation, Cahiers lasalliens No 55, p. 283

[16] Règle des Frères des Ecoles Chrétiennes, p. 7

[17] J-Paul II, Encyclique Vita Consecrata, Rome, 25 mars 1996.

[18] John Johnston, Lettre Pastorale, 2000, page 21.

[19] John Johnston, Lettre Pastorale, 2000.

[20] John Johnston, Lettre Pastorale, 1997, page 10.

[21] John Johnston, Lettre Pastorale, 1997, p. 11.

[22] John Johnston, Lettre Pastorale 1997, p. 18

[23] John Johnston, Lettre Pastorale, 1991, p. 17

[24] John Johnston, Lettre Pastorale 1991, p. 19

[25] Règle des Frères des Écoles Chrétiennes, art. 25.

[26] John Johnston, Lettre Pastorale, 2000, p. 30

[27] Alvaro Rodriguez Echeverria, Lettre Pastorale, 2005, page 22.

[28] John Johnston, Lettre Pastorale, 2000, p. 30

[29] John Johnston, Lettre Pastorale, 1987, p. 24

[30] Règle des Frères des Écoles Chrétiennes, art. 25.

[31] John Johnston, Lettre Pastorale, 1987, page 25.

[32] John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 21.

[33] Jean-Paul II, Sollicitudo Rei Socialis, paragraphes 38,49.

[34] John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 27

[35] John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 10.

[36] John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 11.

[37] Décret, CRIS, 26 janvier 1987, cf.  John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 11.

[38] John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 29.

[39] Jean-Paul II Sollicitudo Rei Socialis, paragraphe 42, cf. John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, en particulier, page 31.

[40] John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, en particulier, page 11.

[41] John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 30.

[42] Règle art. 32, c/o John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 31.

[43] Règle art. 19a, c/o John Johnston, Lettre Pastorale, 1989, page 32

[44] John Johnston, Lettre Pastorale, 1993, page 28.

[45] John Johnston, Lettre Pastorale, 1993, page 35

[46] John Johnston, Lettre Pastorale, 1993, page 47

[47] John Johnston, Lettre Pastorale, 1995, page 57

[48] John Johnston, Lettre Pastorale, 1993, page 34

[49] John Johnston, Lettre Pastorale, 1996, page 18

[50] John Johnston, Lettre Pastorale, 1996, page 18

[51] John Johnston, Lettre Pastorale, 1996, page 18

[52] Jean Paul II, Encyclique Vita Consecrata, Roma, 25 mars 1996.

[53] John Johnston, Lettre Pastorale, 1993, page 35.

[54] John Johnston, Lettre Pastorale, 1999, page 9

[55] John Johnston, Lettre Pastorale, 1999, page 9

[56] John Johnston, Lettre Pastorale, 1999, page 10

[57] John Johnston, Lettre Pastorale, 1999, page 50 …

[58] John Johnston, Lettre Pastorale, 1999, page 65

[59] Alvaro, Lettre Pastorale, 2001, page 42

[60] Alvaro, Lettre Pastorale, 25 avril 2003, page 4

[61] Alvaro, Lettre Pastorale, 25 avril 2003, page 7

[62] Alvaro, Lettre Pastorale, 25 avril 2003, page 7-8

[63] Patrick TAPERNOUX, A propos d’une enquête…, page 127.

[64] Alvaro, Lettre Pastorale, 25 avril 2003, page 10

[65] Alvaro, Lettre Pastorale. 25 décembre 2005, page 22.

[66] Alvaro, Lettre Pastorale. 25 décembre 2005, page 60

[67] Annexes 1, page 2, ligne 36 …

[68] Annexes 1, ligne 105

[69] Annexes 1, ligne 150

[70] Annexes 1, ligne 199

[71] Annexes 1, ligne 269

[72] Annexes 1, ligne 291.

[73] Ce Frère est âgé de 70 ans, et a assumé de différentes responsabilités dans l’Institut avant et après l’événement de 1975.

[74] “Être Frères aujourd’hui”, page 63.

[75] “Être Frères aujourd’hui”, page 63.

[76] “Être Frères aujourd’hui”, page 64